Mauritanie : la cohésion nationale préoccupe les candidats
27 juin 2024Le "passif humanitaire", en Mauritanie, fait référence aux événements tragiques de 1989 : un différend entre paysans sénégalais et éleveurs nomades mauritaniens, à la frontière entre les deux pays, avait provoqué des émeutes qui firent des centaines de morts dans les deux pays.
Cette tragédie a été suivie par l’expulsion, par les autorités mauritaniennes, de dizaines de milliers de personnes vers le Sénégal et le Mali.
Il y a eu ensuite des débuts de règlement, avec le retour organisé de plus de 20.000 réfugiés mauritaniens du Sénégal vers la Mauritanie, en 2008.
Cette répression, à l’époque de l’ancien président Ould Taya, avait visé essentiellement les populations peules.
Dans son programme, le président Ghazouani propose "l'engagement d'une action d'envergure" pour panser complètement les plaies laissées par ce passif humanitaire.
Pour le règlement de cette question, Ba Mamadou Bocar, le candidat du parti AJD-MR, pose un préalable.
"Le candidat de l'AJD-MR s'engage d'abord à abroger la loi d'amnistie qui protège les auteurs de forfaitures, de crimes de sang", explique Idrissa Tandia, membre de son directoire de campagne.
Une justice transitionnelle
En 1993, en effet, une loi amnistiant les auteurs d'infractions commises entre 1989 et 1992 a été votée. Le candidat Ba Mamadou Bocar, qui parle d'"épuration ethnique", propose un processus de justice transitionnelle pour faire la lumière sur ces massacres.
Cette proposition est aussi contenue dans le programme du candidat Outouma Soumaré.
"Pour régler le passif humanitaire, le professeur Outouma Soumaré propose la création et la mise en place d'une Commission vérité et réconciliation", dit Camara Seydi Moussa un de ses soutiens.
La principale figure de l’opposition, arrivée second au dernier scrutin présidentiel de 2019, le candidat abolitionniste et militant des droits humains Biram Dah Abeid, a également fait le choix de la justice transitionnelle et s'est engagé à abroger la loi d'amnistie de 1993.
Les candidats s'engagent aussi à faire face à la question de l'esclavage. Malgré le vote d'une loi criminalisant cette pratique, celle-ci persiste.
Le président sortant propose, face à cette question, le renforcement des dispositifs de veille et de dénonciation des actes de discrimination ou de stigmatisation.
Hamadi Sidel Mokhtar, candidat du parti Tawassoul, propose, lui, une discrimination positive en faveur des groupes ayant souffert et souffrant encore de cette injustice.