Michel Djotodia est rentré en Centrafrique
10 janvier 2020C'est à bord d’un vol de Royal Air Maroc que l'ex-président Michel Djotodia est retourné en Centrafrique après six années d'absence. Devant le doute que peut susciter sa présence, l'ancien chef rebelle s’est présenté, dit-il, en "ambassadeur de la paix" :
"La République centrafricaine est en train de sombrer. Lorsque mes homologues m'avaient posé la question : entre le peuple et le pouvoir qu'est-ce que vous préférez ? Le peuple, évidemment. Je suis maintenant l'homme de paix, j'ai été décoré. Je suis l'ambassadeur pour la paix. Voilà les motifs qui m'ont poussé à revenir. Comment pourrais-je revenir encore avec les armes ? Ce serait contraire à mes nouvelles opinions. Je suis venu pour aider le peuple centrafricain. Il faut que ce peuple vive enfin en paix. Et nous ne permettrons plus à personne de reprendre les armes pour faire courir les mamans, les enfants et les vieux comme des fous à travers la République centrafricaine. C'en est trop !"
Michel Djotodia rentre au pays au moment où les éléments de l'UPC, une branche de la Séléka qui l'a porté au pouvoir par les armes, viole les dispositions de l'accord de paix du 6 février.
"Les Centrafricains veulent savoir"
Si les Centrafricains ont des avis divergents et parfois sceptiques concernant son retour, ils attendent avant tout de Michel Djotodia, ou encore de l'ancien président François Bozizé, rentré lui aussi récemment en Centrafrique, qu’il contribue au rétablissement de la paix dans le pays.
"Que la volonté politique qui se cache derrière ces retours n'occulte pas la question de justice et de vérité, dit cette habitante de Bangui. Les Centrafricains veulent savoir pourquoi ses hommes continuent de tuer jusqu'aujourd'hui à Alindao."
Pour un autre habitant, "le retour de Michel Djotodia est salutaire, c'est un fils du pays qui est retourné chez lui, c'est déjà un bon début. Je ne vois pas de problèmes en cela. S'il doit être jugé, que la justice fasse son travail. S'il est revenu pour ramener la paix c'est une bonne chose, mais si ce n'est pas le cas il n'a pas sa place ici."
Contrairement à son prédécesseur François Bozizé, qui pose des conditions pour rencontrer le président Faustin Archange Touadera, Michel Djotodia, aussitôt arrivé, a rencontré en ce début d'après-midi le locataire du palais de la Renaissance.
Ces anciens présidents rentrent au pays dans un contexte où les députés examinent le projet de loi portant statut des anciens chefs d'Etat du pays.