MSF et Génération Identitaire face à face en Méditerranée
11 août 2017C-Star contre Aquarius – deux navires présents actuellement en Méditerranée, et deux symboles d'une approche diamétralement opposée de l'accueil des migrants et réfugiés. Le premier, le C-Star, est affrété par un groupement européen d'extrême droite anti-immigration, baptisé "Génération identitaire".
Son objectif est clair: sur son site Internet, ce groupe accuse les ONG humanitaires de faire passer clandestinement des centaines de milliers de migrants illégaux en Europe et promet de s'y opposer.
Clément Galant de "Génération identitaire" est le représentant français de "Défend Europe". A bord d'un bateau au large de la Crête, il précise que les migrants qui croiseront son chemin risquent d'être "raccompagnés systématiquement sur les côtes africaines".
Le choc entre les anti et les pro-migrants
Samedi dernier, le C-Star s'est approché à quelques centaines de mètres de l'Aquarius au large des côtes libyennes. Il a fait route ensuite vers la Tunisie pour s'y ravitailler, mais des marins pêcheurs tunisiens l'ont empêché d'accoster.
L'initiative a été soutenue notamment par l'Union générale des travailleurs tunisiens et le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux. Massoud Romdhani est membre du comité directeur de ce Forum:
"Ils essaient par tous les moyens d’empêcher aussi bien les migrants que les refugiés. Nous aussi on a dénoncé cela et on va essayer de prendre d’autres mesures afin de trouver un moyen pour que aussi bien les refugiés que les migrants puissent arriver à destination", a-t-il déclaré.
Selon l'Organisation internationale pour les migrations, 85.000 migrants ont débarqué en Italie par la Méditerranée depuis le début de l'année. Raison pour laquelle le gouvernement italien a adopté un code de conduite qui restreint l'action des ONG engagées dans le secours des migrants.
Rome leur impose notamment la présence d'un policier à bord. Médecins sans frontières fait partie des ONG qui refusent d'adhérer à ce code de conduite, jugé contraire aux droits humains les plus élémentaires. L'extrême-droite, avec son bateau anti-immigration, lui pose un problème de plus,
"Les ONG font un travail que les États ne font pas", explique Corinne Torre, chef de mission France chez MSF. "On laisse un bateau comme le C-Star empêcher les opérations de sauvetage, alors que c’est contre le droit maritime qui oblige tout bateau à se détourner s’il y a des dangers pour aller récupérer les naufragés. Donc, c’est assez aberrant cette situation."
"On est dans une situation où on déplace un problème de fond qui est un non accueil des populations migrantes parce que les Etats européens ne s’accordent pas sur la manière de travailler", poursuit-elle.
De fait, si les partenaires européens se disent prêts à soutenir l'Italie, ils refusent que des navires secourant des migrants puissent débarquer n'importe où en Europe.
Cela explique que la France et l'Allemagne notamment soutiennent le code de conduite italien dans l'espoir qu'il contribue à diminuer l'afflux de migrants. Pour l'instant les deux pays ne se sont pas exprimés sur l'action du C-Star.