En RCA, un ministre accuse Paris de préparer un coup d'Etat
21 novembre 2023Ces propos ont été tenus alors que, jusqu'à présent, les relations entre la RCA et la France se réchauffent. Le 13 septembre, le président Faustin-Archange Touadéra a été reçu au palais de l’Elysée par son homologue français, Emmanuel Macron. Les déclarations de Fidèle Gouandjika ont choqué la classe politique et la société civile.
Les propos de Fidèle Gouandjika surviennent alors que Valentine Rugwabiza, la cheffe de la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca), par ailleurs Représentante spéciale de l'Onu pour le pays, avait appelé il y a peu au dialogue dans le pays.
En réponse, Fidèle Gouandjika, le ministre-conseiller spécial du président Faustin-Archange Touadéra a donc parlé de "coup d’Etat en gestation" et de "risque de génocide".
"J’ai dit que s’ils importent le génocide dans le pays, nous n’allons pas nous entre-tuer seulement entre nous. Nous allons tuer tous ceux qui représentent la Minusca, ceux de l’ambassade et les blancs qui nous incitent au combat. On va fermer l’aéroport, personne ne sortira. Nous ne pouvons pas accepter cela. Moi Gouandjika, vice-président autoproclamé de la République, je ne peux pas accepter que les blancs et les Nations unies nous prennent en otage", a lancé Fidèle Gouandjika.
Réactions indignées et inquiétudes
Cette déclaration a indigné Joseph Bindoumi, le président de la Ligue centrafricaine des droits de l’Homme. Il déclare que "la Ligue centrafricaine des droits de l’Homme condamne avec la dernière énergie cette déclaration de Fidèle Gouandjika et assure l’opinion nationale et internationale qu’avec les organisations de défense des droits de l’Homme, que ce soit dans le pays, que ce soit à l’extérieur, nous allons nous battre pour que le projet génocidaire qui est en train de se développer n’ait pas lieu en République centrafricaine."
Plusieurs faits renforcent toutefois les inquiétudes. C’est notamment l’existence de ceux qu’on appelle "les requins", des commandos proches du pouvoir qui sont accusés par les organisations de la société civile d’enlever et de torturer des opposants au pouvoir.
À ceci s’ajoutent les propos hostiles, notamment de certains ministres et surtout, encore une fois, du conseiller du président centrafricain, Fidèle Gouandjika, qui a accusé la France d’être un "pays ennemi", alors même que Faustin Archange Touadéra venait de se rendre, en septembre dernier, à Paris où il a rencontré son homologue français, Emmanuel Macron.
Éviter la violence
Face à cette dégradation de la situation, le porte-parole de la Minusca, Vladimir Monteiro, rappelle que la mission de l’Onu est justement d’éviter ce genre de violences.
Selon lui, "la Minusca a été déployée en République centrafricaine parce qu’à l’époque, en 2014, le Conseil de sécurité a vu un risque de génocide. Et la Minusca travaille avec le gouvernement pour qu’il n’y ait plus de violence. Et évoquer le terme génocide n’est pas de nature à apaiser les cœurs. Nous continuons de travailler avec les autorités et nous restons sur cette voie, à consolider ces relations, à travailler pour que le pays puisse mener ses programmes de développement de désarmement et qu’il retrouve sa place comme pays stable, où la population bénéficie du dividende de la paix’".
La justice centrafricaine n’a pas encore réagi aux propos de Fidèle Gouandjika. Le ministre-conseiller du président Faustin-Archange Touadéra dit ne pas regretter ce qu’il a avancé car, selon lui, la France empêcherait la Centrafrique d’être un pays émergent. Il a aussi critiqué la présence d’opposants centrafricains en France.