Minsk, le sommet de la dernière chance ?
11 février 2015Le dossier ukrainien continuait ce matin d'occuper les journaux allemands alors que se déroule ce mercredi le sommet sur l'Ukraine à Minsk. Un sommet qui réunit les dirigeants russe, ukrainien, allemand et français,( Vladimir Poutine, Petro Porochenko, Angela Merkel et Francois Hollande ) pour tenter de mettre fin à un conflit meurtrier .
Le quotidien de Bonn, Bonner General-Anzeiger commente ainsi l'initiative diplomatique de la chancelière allemande pour un plan de paix : "Le danger d'une guerre est tellement grand que la chancelière, qui, sinon, aime réfléchir longuement sur chaque dossier avant d'agir, prend sur elle le risque d'un échec à Minsk. Que se passera-t-il, si Vladimir Poutine ne respectait pas cet accord de Minsk 2, si jamais un tel accord est conclu? Qu'il soit exclu du prochain sommet du G7 qui a lieu dans trois mois en Bavière et qui est présidé par l'Allemagne, cela, le président russe pourra le surmonter. En revanche, relève le journal, il ne peut faire fi du poids politique et économique de l‘Allemagne".
Sous le titre "Bonnes armes, mauvaises armes“ la Süddeutsche Zeitung de Munich commente l'expression "armes défensives", employée par les partisans de livraisons d'armes à l'armée ukrainienne : "La politique est toujours une bataille de mots censés légitimer ses propres actions. Parler d'armes „défensives“ revient à dissimuler un soutien ouvert de l'un des belligérants contre la Russie. C'est exactement ce que Vladimir Poutine affirme dans sa propagande. Celui qui souhaite ce soutien doit le dire sans ambages mais aussi penser aux graves conséquences que cela entraîne. Car, estime l'éditorialiste, face à la supériorité militaire de la Russie, des livraisons d'armes à l'Ukraine ne changeraient pas grand chose. Elles entraîneraient en revanche inutilement et de manière inextricable les Etats fournisseurs dans ce conflit"
Autre thème à la Une : le droit d'asile
L'Allemagne est la première destination des demandeurs d'asile en Europe et les centres d'accueil sont débordés. Depuis plusieurs mois déjà. Héberger un nombre croissant de réfugiés est devenu un vrai défi pour les autorités.
La FAZ, la Frankfurter Allgemeine Zeitung rapporte que nombre de responsables politiques pensent que le système d'asile actuel n'est pas viable. Ainsi le Ministre -président de l'Etat régional de Hesse, le chrétien démocrate Volker Bouffier a, dans un entretien avec le journal, critiqué les autorités italiennes parce qu'elles laissent passer les réfugiés vers l'Allemagne sans les identifier ou les enregistrer. Or, selon l'accord de Dublin , ces réfugiés doivent obligatoirement demander l'asile dans le premier pays de l'Union européenne où ils ont mis le pied, c'est-à-dire donc, dans ce cas, l'Italie et non l'Allemagne.
Le journal Frankfurter Rundschau évoque, lui, l'asile accordé aux réfugiés par les Eglises en Allemagne, un asile accordé à tous, que l'on soit ou non en règle avec la législation. Un fait qui provoque l'ire du ministre fédéral de l'Intérieur, Thomas de Maizière qui qualifie l'asile offert par les églises d'une sorte de "charia chrétienne", les Eglises se posant ainsi au-dessus des lois. L'éditorialiste écrit, un tant soit peu ironique : "Cette fois, c'est vraiment la fin de l'Occident! La charia n'est une pas menace qui nous guette, elle est déjà là!" Et de conclure, plus sérieusement : "Absurde ! Si la politique d'asile est problématique, ce n'est sûrement pas du fait de l'Eglise !".