Montée des extrémistes de tous côtés en Allemagne
25 juillet 2018Beaucoup de retours sur un rapport annuel qui provoque des inquiétudes en Allemagne aujourd'hui dans la presse. Rapport du Bundesamt für Verfassungsschutz, l'Office fédéral pour la protection de la Constitution. Rapport présenté hier. "Il y a plus d'extrémistes en Allemagne", écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Le ministre de l'intérieur Horst Seehofer "met en garde contre le risque islamiste, qui n'a jamais été aussi haut", écrit aussi la Süddeutsche sur sa Une. "On estime qu'un tiers du millier de personnes qui sont parties faire la guerre en Irak ou en Syrie sont rentrées", détaille la FAZ. Elle cite encore le rapport où les experts estiment également "qu'on ne peut pas exclure que des membres ou des sympathisants d'organisation terroristes arrivent avec d'autres migrants".
Mais ce n'est pas tout. On dénombre aussi plus "d'extrémistes de droite, d'extrémistes de gauche et de salafistes", écrit la Straubinger Tagblatt en Bavière. "Près de 20 000 délits d'extrême-droite l'an dernier, contre près de 6500 pour la gauche extrême", nuance die tageszeitung. "Le poison de leur haine fonctionne et s'étend inexorablement au milieu de la société", s'inquiète le journal. "Les plus alarmants sont les extrémistes d'extrême-droite", estime la Süddeutsche dans ses pages intérieures. "Il y a moins de centres d'accueil pour demandeurs d'asil attaqués, mais dans les têtes et sur Internet, leur poids augmente".
Travail des services renseignements plus compliqué
"Pour la première fois le rapport s'intéresse aussi aux Reichsbürger", ajoute la taz. "Ce sont ces gens qui vivent en Allemagne, mais rejettent la légitimité de l'Etat, et reconnaissent les frontières allemandes de 1871, 1914 ou 1937", explique encore le journal. "Ils ont tous des profils différents, mais l'un d'eux a tué un policier en 2016 et on voit qu'ils sont plus nombreux que le reste de la population à posséder une arme", décrypte la taz.
En plus, "le travail des services de renseignements se complique", explique la Sächsische Zeitung, qui paraît dans l'Est de l'Allemagne. "Beaucoup d'extrémistes n'appartiennent plus à une organisation structurée, mais agissent seuls". Et le journal de conclure : "Il faut trouver la réponse à la question de savoir pourquoi tant de gens sont attirés par ces extrêmes".
L'éducation est un danger
Pour combattre la haine et l'extrémiste, la première réponse est peut-être l'éducation. La taz y consacre justement un dossier complet aujourd'hui, avec une belle photos d'enfants ougandais, de dos, en noir et blanc sur sa Une. Cinq petites filles qui se tiennent par les épaules et marchent en direction de l'école. "L'éducation est très dangereuse", titre le quotidien, qui se base sur un rapport de diverses organisations publié tous les quatre ans.
Y sont répertoriés : les conflits armés, les violences sexuelles et les agressions contre les élèves et les professeurs partout dans le monde. En page intérieure, le journal cite ce rapport ougandais de 30 pages, où 60% des étudiantes interrogées racontent avoir subi des violences sexuelles de la part de leurs enseignants. Depuis Abuja, une journaliste décrit aussi la situation au Nigeria, "pays du monde qui a le plus d'enfants qui ne vont pas à l'école", notamment à cause de la peur des enlèvements de Boko Haram. Ils sont dix millions et demi !
"Connards de profs"
Le continent n'est pas le seul concerné. À Kaboul, en Afghanistan, une école pour 800 enfants à brulé dimanche dernier. Au Mexique, ce sont des trafiquants qui ont prévenu très directement les enseignants. "Connards de profs, il n'y aura pas de cours à Chilapa et dans les environs, compris ?", ont-ils écrit sur le réseau social Facebook récemment. En dessous de l'article, une photo poignante du continent européen, en Ukraine. Des enfants semblent chercher leurs affaires dans leur salle de classe en ruine, comme soufflée sur l'image. "Les violences à l'école augmentent, selon les organisations internationales", écrit le journal. "Que peut-on faire alors ?", se demande encore le rédacteur. "Certainement pas grand-chose, mais il faut continuer d'arrache-pied à publier ces chiffres. Pour montrer combien les ennemis de l'éducation sont nombreux dans notre monde moderne".