Monusco : nouveau mandat pour une mission très critiquée
19 décembre 2019Le Conseil de sécurité de l'ONU a approuvé jeudi (19.12.19) un prolongement d'un an de sa mission de paix en République démocratique du Congo. La Monusco voit le nombre de ses militaires baisser et celui de ses policiers augmenter.
Le Conseil de sécurité a décidé d'abaisser le plafond du déploiement maximum autorisé qui était de 16.875 militaires à 14.660.
Selon des sources diplomatiques, l’Onu a pris en compte des changements intervenus dans le pays, notamment avec un nouveau pouvoir et l'amélioration de la sécurité dans une grande partie de la RDC.
La composante police de la mission de l'ONU gagnera temporairement de son côté 360 personnes de plus.
La Monusco venait de célébrer ses 20 ans, dont 18 dans un contexte politique difficile.
L’origine de la mission
Le Conseil de sécurité de l’ONU avait créé le 30 novembre 1999 la Monuc, la Mission de l’ONU en République du Congo, alors que la RDC était ravagée par une guerre civile impliquant ses voisins.
Cette mission sera remplacée le 1er juillet 2010 par la Monusco avec un contingent de près de 18.000 hommes. Mais vingt ans après, la Monusco est critiquée pour son "inefficacité".
La Monusco remise en cause
Beaucoup s’interrogent alors sur la pertinence de la présence de cette mission, au regard des massacres qui continuent dans l’est du pays mais aussi en raison de son budget annuel qui avoisine le milliard de dollars américains. Une somme qui fait de la Monusco la mission militaire la plus chère des Nations unies.
"Nous devons clarifier plus la mission de la Monusco, notamment des casques bleus. Il y a eu des massacres à Matarule et dans une localité à 12 km de leur base et des massacres de Kagnola à Bukavu, ils étaient là. C’est aussi un élément qui met un accent sur le rôle, les attributions et les compétences ou les contributions de la Monusco dans cette partie de l’Etat", commente Juvenal Twaibu, chercheur au Centre indépendant de recherche du Sud-Kivu.
Alors qu’un départ de la Monusco de la RDC est exigé par certaines organisations de la société civile de l’est du pays, notamment à Beni et Butembo, il y a une recrudescence d'attaques rebelles attribuées aux Forces démocratiques alliées (ADF) contre les populations civiles.
Dix civils ont été encore tués dans la nuit de dimanche à lundi (15-16.12.19) au cours d'une attaque de ce groupe dans la région de Beni.
L'apport de la Monusco
Même s'il dit comprendre les inquiétudes des populations, le porte-parole de la Monusco, Mathias Gillmann, rappelle l’apport de la mission pour la stabilisation de la RDC.
"Lorsque les Nations unies ont été déployées il y a vingt ans, nous avions un pays qui était au bord de l’éclatement avec de nombreuses armées étrangères, qui se battaient sur le sol congolais, le pays était au bord d’une explosion. Nous pensons que le déploiement des Nations unies a permis de sauver les frontières du Congo telles qu’elles existent aujourd’hui", affirme Mathias Gillmann.
Les attentes des Congolais dans l’est du pays restent grandes et les besoins énormes, notamment en matière de sécurité. Les Nations unies disent se concentrer désormais sur une meilleure coordination avec l’armée congolaise et le redéploiement de ses forces pour vaincre les groupes rebelles.
"Il est important que nous concentrions nos ressources, nos moyens et nos activités sur les dernières poches d’instabilité et d’insécurité qui persistent et c’est un travail que nous allons mener en soutien à l’armée congolaise", explique encore Mathias Gillmann.
De leur côté, des organisations de défense des droits de l’homme dont la Fédération internationale des droits de l’homme, demandent à l’ONU d’aider la RDC à renforcer ses compétences en matière de respect des droits humains.