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Les Etats-Unis et l'Iran au bord de la guerre

Georges Ibrahim Tounkara
3 janvier 2020

Berlin, Londres, Paris, Moscou, toutes les grandes capitales appellent Washington et Téhéran à la retenue après l’assassinat par l’armée américaine du général iranien Qassem Soleimani.

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Protest in Iran After US Airstrike Kills Iranian Commander
Image : picture-alliance/dpa/R. Fouladi

Qassem Soleimani a été tué tôt ce vendredi dans un raid américain qui a visé un convoi de véhicules dans l'enceinte de l'aéroport de Bagdad. Une dizaine d’autres personnes auraient également trouvé la mort au cours de cette opération. L’Iran crie vengeance et les Etats-Unis demandent aux ressortissants américains de quitter immédiatement l’Irak. 

Dès l’annonce de la mort de Qassem Soleimani, des milliers d’iraniens sont descendus dans les rues de Téhéran et d’autres villes d’Iran pour crier leur colère et appeler à la vengeance. Pour le président iranien Hassan Rohani " L'Iran et les nations libres de la région se vengeront des Etats-Unis". Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, crient également vengeance. Pour Ramezan Sharif l’un des porte-parole des Gardiens de la révolution, "Cette joie temporaire des Américains et des sionistes ne durera pas longtemps avant qu'elle ne se transforme en chagrin. Les cadavres des gardiens de la révolution islamique, peuple iranien en devenir, et le front de la résistance dans toute la latitude géographique du monde islamique, va venger  ce fier martyr. 

Manifestation contre les Etats-Unis en Iran
Manifestation contre les Etats-Unis en IranImage : Reuters/WANA/N. Tabatabaee

Qassem Soleimani un grand stratège 

Le général Soleimani était le chef de la Force Qods des Gardiens de la révolution. Une force chargée des opérations extérieures de la République islamique d'Iran. Sur le poids de cet officier, Sanam Vakil, chercheur principal au programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à la Chatham House à Londres, indique que, " Qassem Soleimani était un stratège et général très prospère qui a développé la doctrine actuelle de la politique étrangère de l'Iran. Une doctrine qui a très bien réussi à repousser les menaces hors des frontières de l’Iran et à renforcer les relations asymétriques de Téhéran avec les acteurs non étatiques du Moyen-Orient. Et la façon dont il l'a fait a été d'établir des relations avec les milices et les acteurs non étatiques à travers le Moyen-Orient. Cette stratégie a élargi l’influence de l’Iran d’une manière non traditionnelle et déstabilisatrice dans toute la région, mais elle a protégé l’Iran et a donné à Téhéran une influence dans certains pays."

Pourquoi les Etats-Unis ont-ils pris le risque d’éliminer cet officier iranien ? Sanam Vakil  croit savoir que " l'attaque était préventive. Elle était fondée sur le fait que les services de renseignement américains disposaient d'informations suggérant que Soleimani prévoyait de nouvelles attaques contre des responsables et des militaires américains au Moyen-Orient. Mais je ne sais pas si l'administration américaine a réfléchi à certaines des conséquences potentielles de son action ou est prête à protéger ses militaires des retombées de ce conflit si l'Irak s’enfonce dans une zone de guerre avec des missiles iraniens attaquant des bases américaines et d'autres Américains."

Les grandes capitales à travers le monde appellent donc les Etats-Unis et l’Iran à la retenue après la mort du général Soleimani. Pour le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres "Le monde ne peut se permettre une nouvelle guerre dans le Golfe".

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle