Mugabe, un règne marqué par l'accumulation de richesses
23 novembre 2017Fêtes d'anniversaire à plus de deux millions de dollars avec champagne et caviar. Des biens immobiliers, véhicules, bijoux coûteux, montres mais aussi intérêts dans des transactions de diamant et autres matières premières. Des terres, dont celles provenant d'expropriations de fermiers blancs. En 37 ans de pouvoir, Robert Mugabe et ses proches ont accumulé des richesses considérables. Sa femme, Grace Mugabe, a même été surnommée Gucci Grace en raison de son goût pour le luxe. Un goût que partagent les deux fils du couple.
Pendant plusieurs années, Chatunga Mugabe a par exemple vécu dans un appartement à Dubaï. Loyer mensuel: 30. 000 euros. Une vidéo montrant le fils Mugabe faisant couler du champagne sur sa montre-bracelet sertie de diamants dans un club de Johannesburg a suscité de vives réactions sur Instagram.
Tendai Biti, ministre zimbabwéen des finances entre 2009 et 2013 se rappelle que le système de Mugabe ne se limitait pas au vieux président et à sa famille. Dans le même temps, l'argent manquait pour les oeuvres sociales. Une grande partie de la population vivait dans une grande pauvreté. "C'est l'un des plus grands défis pour le nouveau gouvernement du Zimbabwe. L'argent appartient au Zimbabwe et doit retourner au Zimbabwe", explique-t-il. "Après tout, il s'agit d'une somme importante, d'environ un milliard de dollars américains. Cet argent appartient au peuple zimbabwéen". Ce sera, selon-lui, un test pour le nouveau gouvernement. "Qu'il soit capable de trouver cet argent. Avec toutes les nouvelles règles internationales, il ne devrait pas être trop difficile à trouver" estime-t-il.
L'argent dans les paradis fiscaux
Paul Holden, chef de l'organisation non gouvernementale britannique Corruption Watch UK, trouve cependant que ce sera très difficile: "Que l'argent revienne au Zimbabwe dépend de plusieurs facteurs", explique-t-il. Il faudra déja tenter de savoir où sont les richesses et à combien s'élèvent celles-ci. "Sinon, il pourrait être très difficile de retrouver la trace de l'argent. La plupart des biens sont probablement à l'étranger, c'est-à-dire dans des paradis fiscaux. Cela pourrait prendre beaucoup de temps et aussi être très difficile ... "
Des cas d'autres pays montrent à quel point ce processus peut être difficile et long. L'ex-président nigérian Sani Abacha aurait par exemple dépensé jusqu'à cinq milliards de dollars en revenus pétroliers hors du pays entre 1993 et 1998. Dans le cas du Zimbabwe, la question est maintenant de savoir si le successeur désigné de Mugabe, l'ancien vice-président Emmerson Mnangagwana, est l'homme idéal pour promouvoir le développement.