C’est un chiffre qui interpelle : plus de deux milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable, d’après les Nations unies. L’Afrique n’est pas épargnée. A l’occasion de la journée mondiale de l’eau mercredi 22 mars, on entendra dans cette émission le directeur d’un musée au Burkina Faso, le musée de l’eau.
Accélérer le changement, c’est le thème de l’édition cette année de la journée mondiale de l’eau. Alors qu’on est très loin d’avoir atteint l’objectif, selon l’Onu : rendre l’eau potable accessible à tous d’ici à 2030. Et pour accélérer ce changement à travers la valorisation de l’eau, un musée se veut précurseur des bonnes habitudes à prendre pour atteindre cet objectif des Nations unies. Il s’agit du musée de l’eau de Moutili. Moutili est une localité située non loin de Ouagadougou, la capitale burkinabè.
Que peut-on voir dans le musée ?
Selon le fondateur et directeur du musée de l’eau, Alassane Samoura, le visiteur peut trouver à ce lieu des calebasses, des canaris, les gobelets, les acarafes… "On peut trouver tous les objets de transport de l’eau, tous les objets de stockage de l’eau", explique Alassane Samoura. Il pense que l’eau peut unir les Burkinabè.
Pour le sociologue de formation, "l’objectif du musée, c’est d’abord de valoriser la ressource" alors que l’un des défis du Burkina Faso, pays sec, l’accès à l’eau est une grande problématique.
Le musée de l’eau s’engage donc la sensibilisation, l’éducation et la formation du public, notamment des élèves et étudiants, avec pour un message sur lequel insiste Alassane Samoura : l’eau n’est pas une chose banale, elle est la chose la plus importante que l’humanité nous ait réservée.
Des millions de morts
Selon les Nations unies, les pathologies liées au manque d’eau feraient près d’un million et demi de morts. Cela agirait par ailleurs sur l’espérance de vie de 74 millions de personnes dans le monde. Pour Alassane Samoura, plus que l’amour, l’eau est très importante.
"On ne peut pas vivre sans l’eau pendant trois jours", explique le fondateur et directeur du musée de l’eau. Pourtant il rappelle qu’au Burkina Faso "on a de sérieux problèmes dans l’approvisionnement en eau". Le manque d’approvisionnement en eau pourrait être source de révoltes, rappelle Alassane Samoura.
Malgré ces problèmes d’approvisionnement, de nombreuses personnes gaspillent encore de l’eau. "Tout goutte d’eau qui tombe, c’est une grosse perte pour nous", insiste Alassane Samoura. Son musée sensibilise contre le gaspillage de l’eau. Il déplore par exemple le fait que des personnes passent beaucoup de temps à se brosser les dents ou sous la douche, cela sans arrêter le robinet.
18 ans et des défis à relever
Le musée de l’eau de Moutili près de Ouagadougou a été créé en 2005. Après 18 années d’existence, le musée reste encore confronté à d’énormes défis. Le premier défi est la question des ressources financières, indique Alassane Samoura. "On n’arrive pas à avoir des ressources", regrette-t-il. La situation est devenue plus compliquée depuis que le Burkina Faso fait face à des attaques djihadistes. Les visiteurs, parfois des étrangers, se font rares. Et lorsque les locaux trouvent les prix d’entrée au musée parfois élevés.
Le musée de l’eau, situé sur un espace de dix hectares, doit aussi faire face à des problèmes fonciers. "Des prédateurs fonciers" ont émietté l’espace du musée, dénonce Alassane Samoura. Le renouvellement du matériel reste aussi un problème de taille pour le musée. Mais le directeur du musée de l’eau ne se décourage pas. "On est comme des gens qui sont dans une situation de sacerdoce, on est obligés de faire avec, en attendant que les choses s’améliorent".