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"Les familles nigériennes ont besoin d'un accompagnement"

20 septembre 2023

La situation humanitaire et sécuritaire au Niger, particulièrement dans la zone des trois frontières, préoccupe l'ONU. Louise Aubin, coordinatrice de l'ONU dans le pays, revient sur cette situation.

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Selon la Coordinatrice des Nations Unies au Niger, la situation sécuritaire déjà précaire couplée aux sanctions économiques imposées au pays par la communauté internationale depuis le coup d'état du 26 Juillet dernier, plongent la population dans une situation très critique. Elle évoque notamment la rareté et la flambée des prix des produits alimentaires et pharmaceutiques et autres produits de première nécessité. 

Ecoutez ou lisez l'interview de  Louise Aubin sur la DW.

DW : Bonjour Madame Aubin !

Louise Aubin : Bonjour !

DW : Depuis le 26 janvier dernier, avec la destitution du président Mohamed Bazoum à la suite d'un coup d'État, au niveau du système des Nations Unies quelle appréciation faites-vous de la situation de la population depuis le début des événements ?

Louise Aubin : Vous savez, bien avant la situation, la crise politique que nous vivons à l'instant, la population du Niger souffrait d'une crise alimentaire accentuée par le fait que nous sommes en pleine période de soudure.C'est-à-dire que, entre récoltes et aussi une saison des pluies qui s'annonçait, les populations du Niger avaient du mal à subvenir à leurs besoins.

Donc, de manière plus ou moins annuelle, le système des Nations Unies avec ses partenaires devait soutenir plusieurs familles, plusieurs milliers de familles durant cette période très difficile.

Donc c'est dire que, avant, durant et après cette crise politique, les familles nigériennes ont besoin d'un accompagnement des Nations Unies.

Mais bien entendu, la crise politique a beaucoup perturbé des programmes de longue durée et très profonds en matière de développement.Vous savez, nous avions entamé une réforme du secteur éducatif pour s'assurer d'avoir un plus grand nombre d'enfants, ayant accès non seulement à une éducation primaire, mais une éducation de qualité sur le plus long terme, au niveau secondaire, voire même universitaire, pourquoi pas ?

Nous avions aussi entamé des réformes dans le monde de l'agriculture pour pouvoir moderniser les modes de production, ici au Sahel, au Niger en particulier. Bien entendu, nous avions aussi beaucoup d'interventions en matière de cohésion sociale.

Vous savez, j'ai évité de dire jusqu'à maintenant combien de milliers de personnes sont contraintes de fuir leurs foyers, surtout ces familles près des frontières du Niger, du Mali, du Burkina Faso, du Nigéria, parce qu'elles sont aux prises avec les menaces ou violences causées par des groupes non étatiques.

Autant de défis, mais aussi autant de programmes que nous avions et qui maintenant sont fortement perturbés.

DW : Oui, justement, on sait que depuis le coup d'État, il y a eu une série de mesures de sanctions économiques prises par la Cédéao et autres institutions internationales. Alors du coup, en quoi cela a affecté par exemple les prix des produits alimentaires et des médicaments ?

Louise Aubin : Avec la description que je viens de vous faire de la précarité dans laquelle vivent la plupart des familles nigériennes, vous vous imaginez bien qu'avec la fermeture des frontières, nous entrevoyons déjà des pénuries de denrées de base, ce qui fait du coup monter les prix de manière assez extraordinaire.

Des denrées telles que le maïs, le sorgho, le riz, autant de choses que produit en partie le Niger, mais sur lesquelles le Niger compte aussi avoir des échanges commerciaux.

La fermeture des frontières, bien entendu, donc, fait non seulement souffrir les commerçants, mais bien entendu toutes ces personnes qui dépendent de ce commerce pour pouvoir se nourrir.

DW : Et la question des médicaments?

Louise Aubin : Tout à fait, vous avez raison. Non seulement les coupures d'électricité mettent en péril des médicaments et par exemple les poches de sang, etc. Autant de choses qui ont besoin d'une chaîne de froid de manière conséquente.

Mais aussi, la fermeture des frontières fait que nous ne pouvons pas acheminer de nouveaux médicaments pour pouvoir assurer sur le court et le moyen terme ce que nous faisons normalement, des campagnes de vaccination par exemple, pourrait tout à fait être interrompu, ce qui met en danger la vie des enfants. Les enfants et les femmes.

DW : Justement par rapport aux efforts. Une dernière question quelles sont de façon concrète aujourd'hui des actions entreprises par le système des Nations Unies pour subvenir aux besoins de la population afin de faire face à cette crise ?

Louise Aubin : Depuis la crise politique, il est vrai que nous avons accusé quelques défis pour pouvoir accéder aux populations, ne serait-ce que le manque de carburant nous permettant de nous mobiliser par voiture ou par voie aérienne vers les communautés les plus reculées, donc celles qui sont le plus en besoin.

Vous avez mentionné, bien entendu, le positionnement de certains bailleurs qui pourraient voir suspendre les financements pour certains grands projets de développement ici au Niger. C'est vraiment le temps de maintenir cet accompagnement auprès des populations du Niger.

Certes, il s'agit d'une crise politique, mais les populations du Niger ne peuvent pas attendre.

DW : Madame Aubin, je vous remercie.