Niger : des réactions aux annonces d'Emmanuel Macron
28 février 2023Le Niger ne devrait pas être concerné par les annonces du président Emmanuel Macron sur une réduction des effectifs militaires français en Afrique. Mais que la France allège ou non son dispositif dans ce pays, il est probable que la décision ne sera pas satisfaisante pour une majorité de la population qui semble désirer le départ pur et simple de tous les militaires étrangers.
Un message qui ne passe pas
La cogestion annoncée par le président Macron serait une insulte à l'intelligence des Nigériens, selon Ibrahim Namaiw, membre du Mouvement patriotique pour une citoyenneté responsable, une organisation de la société civile.
"Nous n'avons aucune concession à faire" explique-t-il avant de préciser que "nous voulons que les soldats français qui sont sur le territoire nigérien plient bagages et quittent le territoire nigérien de façon effective ".
Pour le coordonnateur de Tournons la page, la France n'a aucun résultat à mettre en avant au Niger en matière de lutte contre le terrorisme.
Maikoul Zodi estime ainsi que le président français minimise la volonté des peuples africains.
"Quelle cogestion ? C'est-à-dire qu'il nous minimise, il ne nous respecte pas. Mais ici, ils n'ont aucun résultat et il parle encore de vouloir rester. Cela veut dire que c'est une insulte à l'égard de notre souveraineté" s'insurge-t-il.
Abass Aboulmoumouni est un expert sur les questions de sécurité et de gouvernance et il estime qu'Emmanuel Macron doit comprendre que l'Afrique change et que certaines pratiques sont révolues.
"Aujourd'hui, le président français a tout intérêt à comprendre que la France doit changer de visage et ce n'est pas à travers des expressions comme la cogestion et la coopération qui sont restées les mêmes termes que celles que la France a utilisées de l'indépendance à aujourd'hui pour gérer nos dirigeants. Je ne pense pas qu'il y aura de différence " explique-t-il.
Courageux mais tardif
L'analyste politique Alkassoum Abdoulrahamane est pour sa part un peu moins critique. Il pense que le discours du président français est courageux mais qu'il n'apporte pas de réponse aux exigences des Africains.
Il explique qu'on peut "considérer ça comme un discours courageux, c'est très courageux ce qu'il a dit et les différentes propositions qui en sont sorties. Mais malheureusement, ce qu'il faut retenir, je pense, c'est que c'est un peu tard. En ce sens que le sentiment anti-politique française en Afrique a fait beaucoup de chemin".
Au Niger, les débats sont aussi virulents sur les réseaux sociaux et la seule réaction qui manque est celle des autorités qui ne se sont pas prononcées, alors que Niamey continue de soutenir la présence militaire française sur place.