Offensive diplomatique turque en Afrique du nord
13 septembre 2011Au programme de la visite de Recep Tayyip Erdogan en Egypte, un discours à l’Université du Caire, des rencontres avec le Conseil militaire et les autorités de transition, ainsi que des entretiens avec la Ligue arabe. Un signal positif de l’avis de Michael Maier, directeur de la Fondation Friedrich Ebert à Istanbul, chez nos confrères de Deutschland Radio Kultur : « Erdogan veut nouer des alliances, c’est évident. L’Egypte est une puissance importante de la région. La Turquie reconnaît son importance. »
Finies, les hésitations
La Turquie a compris qu’il fallait prendre en compte les bouleversements de ces derniers mois, pour asseoir son autorité dans le nouveau paysage politique. Après avoir hésité quelque temps, la Turquie affiche désormais son soutien aux mouvements sociaux et aux autorités de transition, en Egypte comme en Tunisie et en Libye, prochaines étapes de la tournée de Recep Tayyip Erdogan. Ankara condamne aussi les violences en Syrie. Avec prudence, cependant, comme le relève Hamit Bozarslan, directeur de recherches au Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques de Paris:
« Je ne suis pas certain que la Turquie puisse et souhaite aller au-delà de la condamnation verbale, en tout cas pour le moment. La Turquie craint, comme les autres pays, une situation de guerre civile qui serait analogue de celle de l’Irak, avec une fragmentation, avec des conflits interconfessionnels entre les alaouites et les sunnites, avec des effets de débordements de la frontière avec des vagues d’immigration incontrôlables… Je crois que toutes ces incertitudes font peur à la Turquie. »
La prudence de mise
Ankara craint notamment un renforcement des mouvements pro-kurdes, d’ailleurs le ministre turc de l’Intérieur brandit la menace de nouvelles opérations militaires, y compris sur le sol irakien.
Autre facteur d’inquiétude : les tensions diplomatiques entre la Turquie et Israël depuis l’épisode de la flottille humanitaire en mai 2010. Ce parti pris pro-arabe augmente cependant la cote de popularité des dirigeants turcs en Afrique du nord. Tout comme les relations étroites qu’entretient le gouvernement turc avec le Hamas palestinien, des relations qui ne sont pas vues d’un bon œil par l’Union européenne.
Le premier ministre turc a toutefois renoncé à faire étape dans la bande de Gaza, comme prévu initialement.
Auteur: Sandrine BlanchardEdition: Kossivi Tiassou