Le premier opéra namibien célèbre sa première à Berlin // Les Allemands du Canada, une communauté ancienne et dynamique
C'est un chapitre sombre de l'histoire encore peu connu des Allemands : la colonisation de la Namibie en 1884, alors baptisée "Sud-Ouest africain" ou "Deutsch-Südwestafrika". Le massacre des Héréros et des Nama par les soldats allemands, au début du 20ème siècle, est considéré comme le premier génocide de l'histoire moderne.
Ces dernières années, l'Allemagne a entrepris un travail de mémoire important sur cette période, avec des recherches universitaires mais aussi des films, expositions et pièces de théâtre. Chief Hijangua est le premier opéra à s'attaquer à ce chapitre complexe.
Allemands et Namibiens unis dans un monde afrofuturiste
L'histoire se déroule dans un pays fictif qui ressemble à la Namibie, mais dans une version afrofuturiste. Hijangua, un chef local, part à la rencontre des colons nouvellement installés... Une manière indirecte d'aborder l'histoire, comme l'explique le co-metteur en scène namibien, Michael Pulse:
"L'histoire reflète certains des événements qui ont eu lieu mais nous ne la lions pas directement à celle de la Namibie et de l'Allemagne et au génocide des Héréros, car ce n'est pas là que se situe la pièce. Elle se déroule à une époque antérieure, lorsque les colons allemands sont arrivés et que les Allemands et les Héréros se sont rencontrés pour la première fois, que les cultures se sont rencontrées pour la première fois."
L'union des deux cultures s'exprime jusque dans le casting de Chief Hijangua : les acteurs allemands et namibiens jouent tous les rôles sans distinction.
"Les Allemands et les Namibiens sont unis. Donc les deux jouent des villageois et les deux jouent des colons. La chorale est aussi un mélange et tout le monde chante les chansons traditionnelles qui ont été écrites dans les langues originales, aussi lorsqu'il s'agit de l'aspect allemand de l'opéra."
Des problèmes semblables dans chaque communauté
L'objectif de cette approche est de tester le public : à quelle histoire assiste-t-il lorsque les repères sont brouillés ?
"Ce que je veux voir, c'est comment le public réagit au fait de voir des Allemands jouer des Héréros. Au troisième acte, on a des colons et des soldats. Et on voit que le maire est noir, que le pasteur est noir, il y a des soldats noirs et des soldats blancs. Et rien que cela nous fait se demander comment on se sent en regardant cela, aujourd'hui."
En fin de compte, explique encore Michael Pulse, les thèmes abordés par les deux groupes dont il est question dans l'opéra - les colons allemands et les Héréros - sont semblables :
"Dans ces deux espaces, il y a du pouvoir, de la jalousie, de la cupidité. Les femmes ne choisissent pas qui elles épousent, elles ne décident pas de ce qu'elles disent, ni des vêtements qu'elles portent. Alors que ressent-on en regardant cela ? Est-ce qu'on voit ces choses avant la race ?"
Coopération germano-namibienne
Chief Hijangua est le résultat d'une collaboration de quatre ans entre la metteuse en scène allemande Kim Mira Meyer et le compositeur namibien Eslon Hindundu.
L'équipe de création a voyagé en Namibie pour choisir les accessoires de différentes régions, dont des corbeilles tressées et des vêtements de différents groupes ethniques.
D'un point de vue musical, l'opéra combine des sonorités occidentales classiques avec de la musique namibienne d'inspiration traditionnelle.
Le livret est bilingue, en otjiherero et allemand. C'est aussi un choix délibéré de la part du compositeur pour réunir les deux nations en harmonie, mais aussi ouvrir l'esprit et les yeux des Namibiens et de réfléchir au chemin parcouru pour les générations présentes et futures. Michael Pulse :
"On aime toujours regarder ce qui est mauvais pour s'assurer que le facteur de choc fait passer le message. Mais parfois, c'est la subtilité de la domination qui a un impact plus long. Car aujourd'hui, dans nos espaces, nous croyons aux dieux, mais nous avons perdu certaines des traditions que nous avions. Nous avons accepté de porter des vêtements fermés parce qu'on nous dit que la nudité n'était pas une bonne chose. Ce sont ces petites subtilités qui ont eu un impact sur une grande partie de notre histoire jusqu'à aujourd'hui. Le facteur de choc, c'est bien. Cela peut faire parler les gens pendant, disons, quatre jours. Mais moi je veux que les gens réfléchissent."
La première mondiale de Chief Hijangua a été célébrée dans la capitale namibienne Windhoek, en 2022. La première européenne qui s'est jouée à Berlin, avec l'orchestre symphonique de la radio de Berlin, sous la direction d'Eslon Hindundu, est une étape supplémentaire dans le travail sur le passé commun aux deux pays.
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