Paul Biya, déjà 41 ans au pouvoir au Cameroun
6 novembre 202341 ans de pouvoir, voilà qui se fête lorsque l’on est un partisan de Paul Biya. Plusieurs manifestations sont organisées ce lundi 6 novembre dans les principales villes du Cameroun, avec notamment un meeting géant à Douala.
"Nous allons célébrer ce 41e anniversaire avec faste et solennité comme on sait bien le faire dans notre parti", se réjouit Yoki Onana, le maire de la ville de Douala et délégué du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).
A l'inverse, pour l'opposition camerounaise, l'heure n'est pas à la fête mais à la réflexion et au recueillement. Pour Alexis Kamewe, président Europe du Social democratic front (SDF), 41 ans de Paul Biya au Cameroun, c'est une journée de deuil pour les militants du SDF. C'est une journée que nous ne commémorons pas. C'est une journée que nous prenons comme une journée de recueillement."
"La succession n’est pas un tabou"
A 90 ans, Paul Biya pense peut-être à sa succession sans toutefois en dire un mot à ses proches. Ses partisans, eux, pensent plutôt aux conditions de cette succession. Yoki Onana, du RDPC, rappelle que "le président Biya n'est pas éternel. Un jour, il devra partir. Parler de la succession n'est pas un tabou. Tout le monde y pense. Lui-même, je suis convaincu, y pense. Maintenant, il est question de savoir comment cette succession va se dérouler."
Dans les rangs de l’opposition, "nous pensons que 2025 signera définitivement la fin du règne de Paul Biya que nous allons accompagner, comme il l'a dit lui-même, au village se reposer. Parce que 41 ans, c'est une vie", note Alexis Kamewe, du SDF.
Règne sans partage
Enfin, Hilaire Kamga, analyste politique camerounais, estime que depuis 41 ans, Paul Biya gouverne son pays sans partage, grâce notamment au soutien de l'armée. Il explique que "Paul Biya est un homme qui a connu des situations paradoxales. II n'a pas connu une lutte pour l'opposition de manière claire. Il a hérité du pouvoir et n'a pas compris ce qu'est la compétition électorale fondamentalement. Il est finalement devenu un autocrate et structure sa pérennisation du pouvoir à travers une mise en condition de l'armée pour une meilleure protection de son pouvoir.''
Si des générations entières de Camerounais n'ont connu qu'un seul président, un certain nombre d'entre eux espèrent désormais une alternance à la tête d'un Etat qui semble figé depuis quatre décennies.