Inondation dévastatrice à Abidjan
20 juin 201824 heures après le passage des eaux, c’est la consternation et la désolation dans les quartiers sinistrés. Les victimes rencontrées se disent abandonnées par les autorités et les secours à l'instar de Rosalie Grant.
"Nous avons essayé d’appeler les pompiers qui ne nous ont jamais fait de retour. Je me sens abandonnée et déçue. Parce qu’on fait confiance à des gens pour lesquels nous votons et en retour on ne les voit pas quand nous sommes en difficulté."
Si chez madame Grant, tous les meubles et voitures ont été envahis ou emportés par l’eau, chez Ulrich et Clotilde, ce sont leurs matériels de travail qui n’ont pas été épargnés. L’heure est au bilan et au nettoyage.
"Mon salon de coiffure a été inondé et j’ai perdu presque tout. On est en train d’évacuer l’eau depuis hier et on est encore dessus."
"On a vraiment perdu beaucoup de choses. Vous-même, vous voyez ! Actuellement nous sommes en train de faire le ménage, depuis hier on est dessus. On n’a même pas encore fait la moitié."
Très peu de ces sinistrés ont souscrit à une police d’assurance pour la protection de leurs maisons ou de leurs activités. Et même lorsqu’ils en ont une, l'assurance décline sa responsabilité.
Nadia est gérante d’un magasin cosmétique. Elle a rencontré son assureur ce matin.
"Notre boutique a été assurée mais comme cette inondation est qualifié de catastrophe naturelle, l’assurance ne prend pas cela en compte. Donc on est là et on attend."
Regarder et attendre, tel semble être le credo des Ivoiriens. Pendant longtemps ils ont regardé les constructions anarchiques dans ces quartiers résidentiels. Et le résultat est là, soutient madame Grant, qui souhaite que cela change.
"Sur les caniveaux, il y a des maisons qui sont construites au vu et au su de tout le monde. On implante des villas. Je pense que tout cela est à revoir."
Jadis, ce sont les quartiers précaires qui étaient inondés pendant les pluies. Aujourd’hui, ce sont même les quartiers chics et résidentiels.
Yves Koutouan est architecte et urbaniste et il explique que le principal problème vient du système d'évacuation des eaux.
"Les canalisations sont mal faites et le système d’évacuation des eaux pluviales est mal fait et mal exploité. On a un ministère de l’Environnement : qu’il passe et qu’il voit exactement. Parce qu’il ne sert à rien de venir et parler et parler et puis bon, chaque année c’est la même chose. L’année dernière, c’était pareil. Dans deux mois c’est fini, on n’en parlera plus. C’est vraiment dommage."
Le calvaire des Ivoiriens ne fait que commencer. En effet, la météo prévoit encore de fortes pluies pour les semaines à venir.
Dans les quartiers inondés, on manque d’eau courante et d’électricité. Pour l’heure les victimes et sinistrés attendent l'aide du gouvernement.