Plus de 500 morts entre octobre et novembre, selon l’OIM
21 novembre 2020Le président du Cap-Vert, Jorges Carlos Fonseca, a appelé samedi la communauté internationale à trouver des "réponses efficaces" aux "phénomènes malheureux" liés à l’émigration clandestine. Il a exhorté à "travailler sur les causes en même temps, donner des réponses efficaces à ces faits terribles". Le président capverdien a fait cette déclaration après la découverte de dix corps de migrants sur les côtes du Cap-Vert.
Le dernier naufrage au large de l'Afrique de l'ouest a eu lieu le dimanche 15 novembre 2020. C'était au large du Cap-Vert, où une pirogue ayant à son bord 130 migrants a chaviré après l'explosion de son moteur. 60 personnes, dont trois enfants ont péri lors de ce naufrage, selon une évaluation de l’organisation internationale pour les migrations (OIM). Ces morts, des citoyens sénégalais pour beaucoup, s’ajoutent à ceux enregistrés depuis octobre.
Un accord contre l’immigration clandestine
Alors face à l'urgence et aux départs qui se multiplient, Dakar a signé un accord dimanche (22.11.) avec Madrid. Accord signé par les deux ministres des Affaires étrangères dont la sénégalaise Aissata Tall Sall.
Selon la ministre sénégalaise, « Le gouvernement du Sénégal a mis en place des mécanismes de dissuasion à l’immigration clandestine, des mécanismes de soutien à l’initiative pour dissuader les jeunes de partir, des mécanismes de répression contre tous ces passeurs qui ont mis en place une économie de passage vers l’émigration clandestine. »
Des policiers espagnols seront, par exemple, envoyés au Sénégal pour lutter contre l'immigration clandestine.
Pas sûr que cela suffise à dissuader les départs...
L’OIM constate en effet que le record de morts enregistrés entre octobre et novembre 2019 (210 morts) a été dépassé cette année. Selon l'agence onusienne, entre octobre et novembre 2020, plus de 500 personnes ont perdu la vie sur les routes de l’Afrique de l’ouest vers les Iles Canaries. Elle redoute que ce chiffre soit plus élevé, en raison des défis dans la collecte de données.
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Pas que la Covid-19
L’augmentation du nombre de morts entre octobre et novembre 2020 est liée à un chiffre plus élevé des départs des pays de l’Afrique de l’ouest vers les Iles Canaries. Plus de 12.000 migrants, la plupart d’Afrique de l’ouest, sont arrivés sur les Iles Canaries. Depuis le début de l’année, ils sont estimés à 18.000 contre 1.500 dans la même période l’an dernier, entre janvier et novembre. Selon Safa Msehli, porte-parole de l’OIM, "les passeurs embarquent les migrants dans des pirogues pas adaptées et qui sont surchargées". Elle ajoute que "les chiffres sont inquiétants à cause du traumatisme et du risque de morts que présente la dangereuse traversée de l’Océan atlantique".
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La porte-parole de l’OIM estime que "les restrictions de déplacements liées à la Covid-19 et les impacts de la pandémie peuvent être l’une des raisons de cette arrivée massive de migrants sur les Iles Canaries". Pour autant, certains migrants ne seraient pas bien informés sur les opportunités pour une migration régulière. Mme. Msehli ajoute que "des passeurs et des migrants installés en Europe peignent souvent une situation qui ne reflète pas nécessairement la réalité des pays de destination".
Vendredi, le ministre espagnol de la migration, José Luis Escriva, a annoncé la construction d’abris pour les migrants. "Nous pensons construire d’ici la fin de l’année des logements temporaires pour 7.000 migrants. C’est la première solution.", a précisé M. Escriva.
"La majorité des migrants peuvent être reconduits ou sont expulsables. Nous recevons les personnes vulnérables et les demandeurs d’asile. Ce qui n’est pas le cas de la majorité des personnes qui sont arrivées.", a déclaré le ministre espagnol.
Selon l’OIM, la situation est encore gérable grâce à la solidarité et la politique, avec une approche basée sur les droits de l’Homme. L’organisation constate que les activités des passeurs augmentent. L'OIM pense que la poursuite de ces réseaux criminels doit être une priorité.