Politique migratoire: un compromis fragile
15 octobre 2015
Le Bundestag, le parlement allemand, a adopté aujourd'hui jeudi le projet de réforme du droit d’asile, à une large majorité. Mais peut-on parler de consensus pour autant? Au parlement, les débats ont été houleux. Accélérer le renvoi vers leurs pays d'origine des demandeurs déboutés, fournir des services plutôt que de l’argent aux réfugiés: la réforme durcit le droit d’asile allemand. Mais pour la chancelière Angela Merkel, c’est une condition pour accueillir correctement ceux qui ont vocation à rester: "Ceux qui viennent à nous par nécessité économique, en faisant pour cela appel, à tort, à notre droit d’asile, quitteront rapidement notre pays, pour que ceux qui viennent à cause de la guerre et de l’oppression soient beaucoup mieux acceuillis, plus efficacement, que précédemment."
C’est justement sur l’efficacité de l’action du gouvernement que la grogne monte à gauche, même au sein de la majorité gouvernementale. Thomas Oppermann, le chef de la fraction du parti social-démocrate, le SPD, allié du parti chrétien-démocrate, la CDU, de Angela Merkel, déplore la détérioration de la confiance des allemands. Le doute s’installe sur la capacité de l’Allemagne à surmonter la crise migratoire: "Le mot d’ordre „nous y arriverons“ est bon pour parler aux bénévoles qui s’engagent auprès des réfugiés. Mais il faut que l’État prouve sa capacité à agir. Nous devons passer du „nous y arriverons“ au „nous le faisons“ ". Les Verts et l'extrême gauche sont bien plus virulents.
La droite pour encore plus de fermeté
Le durcissement du droit d'asile a été une concession à l’aile droite des chrétiens-démocrates, l’Union chrétienne sociale, CSU. Pour ce parti, le doute est légitime, tout comme le durcisssement. Il réclame une fermeture des frontières, comme Hans Peter Friedrich, membre de la CSU: "Nous avons besoin de zones de transit aux frontières allemandes. Ce ne sont pas des prisons, comme le SPD l’affirme, mais un signal nécessaire à ceux qui sont à nos frontières. Une manière de dire « STOP », et à être compris !"
Le projet de loi doit encore être validé par le Bundesrat, la chambre représentante des États régionaux, ce vendredi. Ce sera une formalité, mais en matière de politique migratoire, Angela Merkel n’est pas au bout de ses peines. Elle se rend aujourd'hui jeudi à la réunion du Conseil Européen, où les migrations occupent également le haut du tableau.