Pourquoi le dialogue de Khartoum est important pour la RCA
24 janvier 2019C'est ce jeudi]à la mi-journée que s'ouvrent à Khartoum les pourparlers de paix entre le gouvernement centrafricain et quatorze groupes armés toujours actifs dans le pays.
Le chercheur Germain-Hervé Mbia Yebega, chercheur associé au GRIP, analyse le rapport de force déséquilibré entre les deux parties et nous explique pourquoi le choix de Khartoum pour abriter ce dialogue centrafricain sous égide de l'Union Africaine.
Ecoutez l'interview avec Germain-Hervé Mbia Yebega en cliquant sur la photo ci-dessus.
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DW : Pourquoi avoir choisi Khartoum et le Soudan pour abriter les pourparlers de paix centrafricains ?
Germain-Hervé Mbia Yebega : Il faudrait d'abord situer le contexte généra des relations entre le Soudan et ses principaux voisins frontaliers à l'Ouest que sont le Tchad, la RCA, et un peu plus au sud-ouest la RDC, qui sont tous des pays en crise.
Il y a naturellement des applications des interactions sécuritaires entre le Soudan et certains de ces pays là. Un grand nombre de groupes armés qui prolifèrent en RCA trouvent leur origine et leur base arrière au Soudan. Le Soudan est un pays partie prenante de la crise politique et sécuritaire qui a lieu en RCA.
DW : Au mois d'août 2018, Les groupes armés s'étaient déjà réunis à Khartoum et de cette réunion avait émergé une liste d'exigences qu'ils posaient aux autorités et ils plaçaient la barre très haut puisque parmi ce qu'ils réclament, il y a une amnistie générale ou encore un partage du pouvoir. A votre avis, étant donnée la situation sur le terrain et le fait que l'état ne contrôle pas la majeure partie du territoire national, dans quelle position l'Etat centrafricain arrive-t-il à ces négociations ? Qu'est-ce qui ne sera pas négociable et qu'est-ce qui devra l'être ?
Germain-Hervé Mbia Yebega : Le rapport de force est prioritairement défavorable au pouvoir de Bangui. C'est de bonne guerre que de placer la barre très haut.Et puis les différents groupes savent très bien qu'il leur faudra faire des compromis.
Ce qui est aujourd'hui irrecevable, c’est toute prétention à la partition de la RCA. Cela est impossible et irrecevable. Seconde chose : c'est la remise en cause de la légitimité du président élu en 2016, le Présente Touadéra. Cela ne sera accepté ni par l'Etat ni par l'ensemble des Centrafricains et encore moins par les pays de la sous-région et par l'Union africaine.
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