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Pourquoi les Européens se soucient de la Libye ?

17 février 2020

L'Europe a décidé de déployer une nouvelle mission navale et contrôler l'embargo sur les armes imposé à la Libye. Mais les Etats n'accordent pas la même urgence aux préoccupations concernant l'Afrique.

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De gauche à droite, Jean Asselborn (Luxembourg), Heiko Maas (Allemagne) et Josep Borrell
De gauche à droite, Jean Asselborn (Luxembourg), Heiko Maas (Allemagne) et Josep BorrellImage : picture-alliance/AP Photo/F. Seco

"La Libye se situe juste de l'autre côté de la Méditerranée"- (Dan Smith, SIPRI)

Après la Conférence de Munich sur la sécurité, les ministres européens des Affaires étrangères ont décidé ce lundi (17.02.2020) de déployer une nouvelle mission navale à l'est des côtes de la Libye pour empêcher les livraisons d'armes aux belligérants de ce pays.

Mais alors que la majorité des Etats membres ont soutenu la reprise des opérations navales en Méditerranée, l'Autriche et la Hongrie se sont inquiétées du fait que ces navires militaires pourraient inciter plus de migrants à prendre la mer dans l'espoir d'être sauvés. 

 

L'Europe redoute que la crise en Libye ne déstabilise son système de sécurité
L'Europe redoute que la crise en Libye ne déstabilise son système de sécurité

La Libye, une menace plus proche

Dans un contexte où le cessez-le-feu obtenu entre les deux camps en conflit en Libye est encore fragile, la situation dans ce pays était un des gros sujets à la Conférence sur la sécurité de Munich.

Mais l'absence de chefs d'Etat africains à cette réunion laisse penser que les thèmes africains ne figurent au menu que lorsqu'il y a une menace pour les Européens. Ceux-ci seraient plus prompts lorsqu'il s'agit du Yémen, de l'Afghanistan ou de la Syrie.

C'est du moins le point de vue Dan Smith. En effet selon le directeur du SIPRI, un centre international de recherche sur la paix basé à Stockholm "lorsque quelque chose se passe au Sahel, à moins que la conséquence redoutée ne soit l'afflux de migrants, l'Europe n'est pas particulièrement concernée. La Libye se situe juste de l'autre côté de la Méditerranée, alors cela préoccupe. Sinon, on considère que c'est trop loin".

 

Pour le ministre allemand Heiko Maas, la question migratoire n'est qu'un des enjeux de la recherche de solution en Libye
Pour le ministre allemand Heiko Maas, la question migratoire n'est qu'un des enjeux de la recherche de solution en LibyeImage : picture alliance/dpa

Changer de perception

Heiko Maas, le ministre allemand des Affaires étrangères, a confié à son arrivée à Bruxelles lundi matin, que la peur des vagues migratoires ne saurait être le seul critère qui guide l'action des Européens.

"Chacun d'entre nous doit prendre conscience de son rôle afin que notre sécurité ici en Europe soit garantie. Ceux qui placent la question des migrations au premier plan doivent savoir qu'en sauvant la Libye de la faillite, et en dotant ce pays de structures sécuritaires fiables, ce problème migratoire pourra être résolu", pense le ministre allemand.

Pour Lassina Zerbo, secrétaire exécutif de la Commission préparatoire du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, on ne peut pas reprocher aux Européens de moins se préoccuper des sujets africains."Dans un monde globalisé, tout est lié. La Libye est en Afrique et l'insécurité au Sahel provient de la Libye. Je ne suis pas d'accord avec l'idée selon laquelle l'Occident néglige la sécurité en Afrique", soutient-il.

A l'issue de leur réunion à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères européens sont donc parvenus à surmonter leurs différends et à mettre en place une mission navale qui devra veiller au respect de l'embargo sur les armes en vigueur en Libye.

Photo de Fréjus Quenum, en interview dans le studio de la Deutsche Welle à Kinshasa en RDC (05.12.2024)
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum