Pourquoi l'offre russe de médiation bloque en Centrafrique
16 juillet 2018Pour les autorités centrafricaines, il est hors de question d'engager une démarche parallèle de médiation tant que celle en cours, pilotée par le panel des facilitateurs de l'Union africaine n'aboutisse.
Pour Albert Yaloké Mokpeme, Conseiller et porte-parole de la Présidence centrafricaine, "il se trouve que l'initiative africaine par rapport au panel est en train de se mettre en place et le Chef de l'Etat (Faustin-Archange Touadera, ndlr) considère qu'il ne peut pas y avoir d'autres démarches en dehors du panel des facilitateurs africains sous l'égide de l'Union africaine sans résultats qui puissent permettre d'autres initiatives."
La Russie à l'oeuvre
Au sein de la classe politique centrafricaine, l'initiative africaine est loin de convaincre. D'où un penchant pour la diplomatie russe.
Me Timoléon Kokongo est le Secrétaire Général du Pari "Alliance pour la démocratie et le progrès". Il estime que "la Russie a une autre mentalité que les Occidentaux."
Se résignant à la décision du Chef de l'Etat centrafricain, cet Avocat dit ne voir aucun empêchement à ce qu'il y ait des pourparlers sous l'égide de la Russie. Car "je suis quelque peu sceptique avec tout ce qui a trait à la France", explique Me Timoléon Kokongo.
Un scepticisme justifié par le fait que tous les groupes armés ou presque réclament une amnistie totale ou partielle avant de discuter de la fin des hostilités.
Guerre froide entre puissances étrangères
Notons que la Russie, qui vient de tenter cette médiation entre pouvoir de Bangui et groupes armés, joue déjà un rôle majeur en Centrafrique. Les autorités russes ont, depuis début 2018, déployé des formateurs militaires à Bangui, livré des armes à l'armée nationale et assurent la sécurité du président Faustin-Archange Touadéra. Une influence grandissante de la Russie qui crée un malaise diplomatique, notamment au niveau de l'ancienne puissance coloniale, la France.
Ce qui fait dire à certains observateurs de la vie politique centrafricaine que les autorités centrafricaines ont décliné l'offre de la médiation russe par peur d'irriter encore plus, le traditionnel partenaire qu'est la France.