Poursuite du procès Bemba
23 novembre 2010La première journée d'audience a suscité un énorme intérêt médiatique. Pour une fois, les photographes ont été autorisés à pénétrer pendant les trois premières minutes dans la salle d'audience pour prendre des photos de l'accusé. Un accusé en costume sombre et chemise bleu ciel, entouré de son équipe d'avocats. Et qui est resté impassible pendant la lecture des charges qui pèsent contre lui : crimes de guerre, crimes contre l'humanité, meurtres, viols, pillages. Le tout commis en 2002 et 2003 par sa milice du Mouvement de libération du Congo, le MLC, en Centrafrique où elle avait été appelée à la rescousse par le président Ange Felix Patassé.
Sur tous les points Jean Pierre Bemba plaide non coupable. Mais comme l'a souligné le procureur en chef Luis Moreno Ocampo, si Bemba n'est pas accusé d'avoir lui même commis ces crimes, il y va de sa responsabilité personnelle comme chef du MLC.
« Jean-Pierre Bemba n'est pas seulement le chef du MLC, il l'a fondé pour accéder au pouvoir politique et économique. Bemba a nommé les commandants, il leur a donné des ordres et les a limogés. »
La responsabilité de Bemba en cause
Ce qui est donc en cause dans l'affaire Bemba, c'est la responsabilité du chef militaire. Pour l'accusation, lorsque le président Patassé a fait appel au MLC pour contrer une rébellion, Bemba a donné carte blanche à ses miliciens :
« Jean-Pierre Bemba a dit à ses troupes : vous allez en Centrafrique. Là-bas vous n'avez pas de familles, pas de parents. Faites votre boulot. Et considérez tout le monde, dans la zone de combat, comme votre ennemi, y compris ceux qui sont en civil. »
La défense de Jean-Pierre Bemba conteste évidemment les charges et dénonce une manipulation de la CPI, destinée à éliminer un opposant notoire en RDC.
Auteur : Ralf Lachmann, Marie-Ange Pioerron
Edition : Anne Le Touzé