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Première prière inaugurale à Sainte-Sophie en Turquie

Avec agences
24 juillet 2020

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a assisté à la première prière dans cette ex-basilique transformée en mosquée. Sur fonds de condamnations de l’Occident.

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En 2018, la Cour constitutionnelle avait rejeté une requête qui demandait la réouverture de Sainte-Sophie au culte musulman
En 2018, la Cour constitutionnelle avait rejeté une requête qui demandait la réouverture de Sainte-Sophie au culte musulman Image : picture-alliance/AA/Turkish Presidency/M. Cetinmuhurdar

Plusieurs milliers de musulmans ont assisté à la première prière dans et autour de l’ex-basilique Sainte-Sophie. Avant la prière retransmise en direct, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a lu une sourate du Coran.  

Puis le chef de l’Autorité religieuse, Ali Erbas, a prononcé un prêche. Il a indiqué qu’"une longue séparation prend fin"

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Après la prière, le président Reep Tayyip Erdogan a déclaré que Sainte-Sophie "redevient une mosquée(…), elle continuera de servir tous les croyants comme mosquée pour l'éternité".  

Avant le début de la prière, des milliers de fidèles s’étaient rassemblés, dans la matinée, autour de Sainte-Sophie pour prendre part à ce culte inaugural.  Aynur Saatçi, une femme de 49 ans qui a écourté ses vacances dans l’est de la Turquie pour venir prier à Sainte-Sophie, a fait savoir que "c’est un moment historique. Qu’Allah bénisse Recep Tayyip Erdogan. Il a fait de si belles choses. Je suis très émue".  

"Sainte-Sophie redevient une mosquée" (Recep Tayyip Erdogan)

« Personne d’autre qu’Erdogan »  

Vendredi (10.07.20), la justice turque avait ouvert la voie à cette prière inaugurale. Le plus haut tribunal du pays a révoqué ainsi le statut spécial de musée de Sainte-Sophie. L’ex-basilique avait ce statut depuis 1934 suite à une décision gouvernementale, sous le régime de Mustafa Kemal. Aucune prière collective musulmane ne s’y était, alors, plus tenue. Selon Selahattin Aydas, un commerçant venu prier à Sainte-Sophie, "personne d’autre que notre président n’aurait pu la retransformer en mosquée".  

Selon le président turc, Recep Tayyip Erdogan, les touristes peuvent continuer de visiter Sainte-Sophie
Selon le président turc, Recep Tayyip Erdogan, les touristes peuvent continuer de visiter Sainte-Sophie Image : picture-alliance/dpa/AP/Turkish Presidency

Le chef de l’église orthodoxe en Grèce, monseigneur Iéronymos II, a répliqué qu’"aujourd’hui est un jour de deuil pour la chrétienté", qualifiant la conversion de ce haut lieu de l’orthodoxie en mosquée d’"acte de profanation impie".  Selon nombre d’observateurs, cette transformation de Sainte-Sophie en mosquée permet au président turc, Recep Tayyip Erdogan, de mobiliser sa base électorale conservatrice, dans un contexte de difficultés économiques aggravées par la pandémie de Covid-19. La Turquie compte plus de 223.300 cas de Covid-19 dont plus de 5.500 décès.  

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Le voisin de la Turquie, la Grèce, après la décision de la justice turque, a vu cette transformation comme un risque de tensions dans les relations entre Ankara et Athènes. Lina Mendoni, la ministre grecque de la culture a évoqué "une provocation envers le monde civilisé". Berlin et Paris ont regretté cette décision de la Turquie.  Le commissaire chargé du mode de vie européen, le Grec Magaratis Schinas, a parlé, vendredi (24.07.20), d’un mauvais départ pour les relations entre Ankara et l'Union européenne. Le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, avait souligné, il y a quelques jours, un "engagement" d'Ankara "à respecter les traditions religieuses et l'histoire diverse" de la République turque.        

Sainte-Sophie était le musée le plus visité de Turquie
Sainte-Sophie était le musée le plus visité de TurquieImage : picture-alliance/AA/S. Zeki Fazlioglu

Patrimoine mondial de l’Unesco 

Le pape François s’était dit très affligé par la transformation de l’ex-basilique en mosquée. De son côté, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), a vivement regretté, vendredi (10.07.20), la décision d’Ankara, "prise sans dialogue préalable". Selon Audrey Azoulay, directrice générale de l’organisation, "Sainte-Sophie, est une composante des zones historiques d’Istanbul inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco". L’ex-basilique "est un chef-d’œuvre architectural et un témoignage de la rencontre de l’Europe et de l’Asie au cours des siècles. Son statut de musée reflète l’universalité de son héritage et en fait un puissant symbole de dialogue", avait dit Mme. Azoulay à l’annonce de la décision de la justice turque.  

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait rejeté les condamnations internationales. Selon lui, la transformation de Sainte-Sophie relève des "droits souverains" de son pays.  

Sainte-Sophie est une œuvre architecturale construite au VIe siècle par les Byzantins qui y couronnaient leurs empereurs.  Sainte-Sophie est l’une des principales attractions touristiques d’Istanbul avec quelque 3,8 millions de visiteurs en 2019.

Le site a été converti en mosquée après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453. En transformant Sainte-Sophie en musée en 1934, le dirigeant turc, Mustafa Kemal, était soucieux de l’"offrir à l’humanité".