Prison à perpétuité pour des séparatistes camerounais
20 août 2019Le leader des séparatistes anglophones, Sisiku Ayuk Tabe, et neuf de ses compagnons, ont été condamnés ce mardi à la prison à perpétuité par le tribunal militaire de Yaoundé, ainsi qu'à payer une amende de 250 milliards de francs CFA.
C'est à l'issue d'une audience qui a duré près de 15 heures au tribunal militaire de Yaoundé que le juge Misse Njone a décidé de condamner à perpétuité Sisiku Ayuk Tabe et neuf autres personnes.
Pour maître Christophe Ndong, un des avocats des accusés, cette sentence a été prononcée en violation des droits de l'homme.
"C'est une déception totale. Toutes les règles procédurales ont été violées. A l'entame de cette procédure, hier, les avocats des accusés ont dénoncé le fait que le magistrat était récusé. Ce dernier n'a rien voulu entendre et a déclaré qu'il rendrait sa décision quoi qu'il arrive. C'est pour vous dire que tout était préparé à l'avance. C'est vraiment un braquage judiciaire", a lancé Me Christophe Ndong.
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Certains Camerounais voient en cette décision un message fort que le pouvoir de Yaoundé essaye de faire passer, comme l'explique Morgan Palmer, vice-président et porte-parole du Parti républicain.
"On peut voir un message politique clair qui veut dire : on ne veut pas le dialogue puisque nous avons le pouvoir et ses outils de répression. Ou alors cette condamnation va venir relancer le dialogue avec une perspective de grâce présidentielle. Enfin, on peut aussi y voir une tentative du pouvoir de démontrer que la justice est indépendante", analyse-t-il.
Un dialogue hypothéqué
Il y a quelques semaines encore, le leader ambazonien Sisiku Ayuk Tabe se disait favorable au dialogue annoncé par le pouvoir de Yaoundé, afin de mettre un terme à cette crise qui a déjà fait près de 2.000 morts et plus de 500.000 déplacés selon l'ONU.
Maître Christophe Ndong pense donc qu'il faut s'attendre à des conséquences négatives sur ce dialogue puisque la principale revendication des sécessionnistes reste la libération de leur leader.
"C'est un gouvernement qui ment au monde entier en affirmant qu'il est à mesure d'engager un dialogue. Voilà comment il condamne le leader de tout un peuple. Si demain on assiste à une insurrection, c'est le gouvernement qui aura occasionné cela."
Le procès qui vient de s'achever met fin à une procédure qui aura duré près de onze mois après l'arrestation de Sisiku Ayuk Tabe et les membres de son cabinet au Nigeria.