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Echange de prisonniers avec Moscou : vif débat en Allemagne

Avec agences
2 août 2024

La libération du meurtrier russe, Vadim Krassikov, par l'Allemagne, en échange de prisonniers occcidentaux est considérée par certains comme une erreur.

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Un avion, net sur l'image, est visible sur une piste d'aéroport. Au premier plan, flou : le chancelier allemand Olaf Scholz est photographié de dos et observe l'avion
Olaf Scholz est venu accueillir 13 personnes libérées à l'aéroport de Cologne/Bonn jeudi soir dans l'ouest de l'AllemagneImage : Marvin Ibo Güngör/Bundesregierung/Getty Images

Les négocations sont restées secrètes pendant des mois : vingt-six personnes ont finalement été échangées jeudi soir, le 1er août, en Turquie, entre les Occidentaux et la Russie.

Dans le détail, l'accord a permis la libération de 16 personnes détenues en Russie et au Bélarus, en échange de huit Russes incarcérés aux Etats-Unis, en Allemagne, en Pologne, en Slovénie et en Norvège, ainsi que les deux enfants d'un couple d'espions.

Cet accord, le plus important depuis la fin de la Guerre froide, provoque depuis de nombreuses réactions partout dans le monde.

Des critiques en Allemagne

En Allemagne, ce sont surtout les profils des prisonniers échangés qui divisent : des journalistes ou des opposants politiques à Vladimir Poutine ont été libérés des prisons russes et biélorusses.

Des personnes échangées contre des espions russes et même - c'est le cas le plus discuté - un membre des services de renseignement russe condamné pour le meurtre en plein Berlin d'un combattant tchétchène, considéré comme un ennemi par la Russie.

Vadim Krassikov était le prisonnier que Moscou voulait libérer à tout prix.

Le président russe Vladimir Poutine, avec des hommes en uniforme derrière lui, sert la main à un homme qui descend d'un avion (visible sur la gauche de l'image) de retour en Russie après un échange de prisonniers
Les prisonniers choisis par les Russes, certains soupçonnés d'être des tueurs à gages ou des espions, ont été accueillis sur le tarmac à Moscou par Vladimir PoutineImage : Mikhail Voskresensky/ITAR-TASS/IMAGO

Cet échange de prisonniers est "une erreur fatale", estime le quotidien allemand FAZ ce vendredi.

Un échange "au goût amer", dit l'organisation de défense des droits humains Amnesty International. "Un message pervers" envoyé au peuple russe (...),  "Poutine sauve des meurtriers", écrit même Bild, le tabloïd le plus lu du pays.

Des critiques renforcées par une autre information révélée ce vendredi : le meurtrier russe aurait pu être échangé contre Alexeï Navalny. Mais l'opposant russe à Poutine est mort en prison en février avant que les négociations sur cet échange se terminent.

Le gouvernement allemand se défend

La décision d'échanger le tueur russe contre d'autres prisonniers a donc été compliquée à prendre, reconnaît l'Allemagne. "Cela a été difficile mais on a sauvé des vies", s'est justifié le chancelier allemand Olaf Scholz.

Sa collègue ministre de l'Intérieur s'est aussi expliquée devant la pression. "C'était une mise en balance de différents intérêts", s'est justifiée Nancy Faeser. "Selon nous, la liberté et la vie des prisonniers en Russie et au Belarus étaient plus importantes (...) que le fait de libérer quelqu'un qui a été condamné pour meurtre."

Remerciements des Etats-Unis

En accueillant les prisonniers américains libérés par la Russie - dont Evan Gershkovich, reporter du Wall Street Journal, détenu depuis mars 2023 pour espionnage et condamné à 16 ans de prison -,  le président américain Joe Biden a exprimé "sa grande reconnaissance" au chancelier allemand pour "les concessions importantes" faites par Berlin.

Il a par la suite expliqué que l'Allemagne ne voulait pas au départ libérer le meurtrier russe condamné et enfermé sur son sol.

Ce que craignent les voix critiques de l'accord désormais, et cela va bien au-delà de l'Allemagne, c'est que la Russie fasse d'autres prisonniers politiques occidentaux pour mieux pouvoir les échanger après.