Comment reconnaître la propagande d'Etat ?
12 janvier 2022Les machinations du gouvernement philippin sont considérées comme une toute nouvelle preuve de la propagande d'Etat - du moins depuis que la journaliste Maria Ressa a reçu le prix Nobel de la paix pour son combat contre la propagande.
Mais la propagande officielle ne concerne bien entendu pas seulement ce pays. Ce phénomène n'est d'ailleurs nouveau mais il a récemment atteint une nouvelle dimension.
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Manipuler et influencer
Pour comprendre l'impact de la propagande, il faut remonter un peu le temps. Durant la période du national-socialisme en Allemagne, les méthodes de propagande étaient ouvertement utilisées pour endoctriner la population.
Aujourd'hui, elle est utilisée de manière plus subtile notamment via des nouveaux médias tels que les réseaux sociaux.
Piers Robinson, politologue à l'Organisation pour les études de propagande (Organisation for Propaganda Studies) explique que "le but de la propagande est essentiellement d'essayer d'influencer les croyances et de déterminer l'attitude à adopter."
Et les exemples sont nombreux : Meta (anciennement Facebook) a ainsi annoncé avoir supprimé une vaste campagne de désinformation menée par les autorités nicaraguayennes.
Le président Daniel Ortega a été ainsi soutenu pendant plus de trois ans par des sites Web et de nombreux comptes de réseaux sociaux tandis que l'opposition était en permanence discréditée.
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Autre exemple : en septembre, la chaine russe Russia Today a été bloquée sur YouTube car elle diffusait de fausses informations sur le coronavirus. La chaine est considérée comme un outil de propagande du gouvernement russe.
Selon deux universitaires d'Oxford, le principal objectif du média russe est de faire croire que les médias occidentaux mentent.
Les politiciens utilisent la propagande pour influencer la façon dont les gens pensent, agissent et perçoivent les informations. Piers Robinson donne l'exemple de l'Irak en 2003, notamment comment les politiciens américains ont expliqué la guerre à leur peuple :
"Vous essayez d'amener les gens à soutenir l'invasion de l'Irak, alors vous essayez de les persuader qu'il y a une menace causée par l'Irak et bien sûr dans ce cas, ce qui est bien connu, ils ont exagéré les renseignements au sujet des armes de destruction massive et présenté l'Irak comme une menace plus grande qu'elle ne l'était en réalité."
L'exemple américano-irakien est également cité par le chercheur en journalisme Florian Zollmann de l'Université d'art et de culture de Newcastle. Selon lui, la désinformation et les fausses nouvelles font partie de la propagande d'Etat.
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Les démocraties aussi concernées
L'objectif principal de la propagande politique est de créer une image positive du pouvoir et de discréditer ses adversaires, avait expliqué Pavel Koshkin dans une interview à la DW en novembre 2021, ancien rédacteur en chef de la plateforme en ligne russe Russia il était alors chargé de recherche à l'Institut d'études américaines et canadiennes de l'Académie des sciences de Russie. Depuis, il a cessé sa collaboration avec l'l'Institut.
Elle vise donc parfois non seulement à présenter son propre pays sous un bon jour mais aussi à mettre d'autres pays, cultures ou valeurs sous un angle négatif.
L'expert en communication Piers Robinson souligne cependant que la propagande n'est pas seulement menée dans des pays comme la Russie, la Chine ou la Corée du Nord mais aussi par des pays considérés comme démocratique.
Les médias peuvent aussi véhiculer de la propagande consciemment, mais aussi inconsciemment. Il est donc recommandé par exemple, sur un sujet donné, de poser des questions critiques aux politiciens et de recueillir aussi l'avis d'experts indépendants.