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Près de 40 millions de vies menacées par la famine

7 avril 2022

D'après les prévisions, la période de juin à août risque d'être dure sur le plan alimentaire. Huit pays du Sahel et du bassin du lac Tchad sont concernés.

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Image montrant des aliments de base en vente sur un marché du nord du Tchad (Archives - Bahr El Ghazal, 09.02.2012)
La hausse des prix alimentaires est aggravée par la guerre en UkraineImage : Andy Hall/Oxfam

Le déficit alimentaire dans les régions du Sahel et du bassin du Lac Tchad préoccupe les dirigeants locaux et leurs partenaires occidentaux. Une réunion de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) s'est tenue à cet effet ce mercredi (06.04.2022) à Paris.

Si rien n'est entrepris, d'ici le mois de juin jusqu'à août, 30 à 40 millions de personnes pourraient être victimes d'une crise alimentaire aigüe. 80% de ces personnes se trouvent au Tchad et au Cameroun, mais aussi au Niger, au Nigeria, en Mauritanie, au Mali et au Burkina Faso. En dehors de la sécheresse et l'insécurité, la guerre en Ukraine est citée parmi les causes de l'exacerbation de la famine touchant ces pays.

La rencontre a débuté avec un plaidoyer, par vidéo-conférence du président du Niger Mohamed Bazoum. En réaction, plusieurs pays ont promis d'augmenter leur appui financier aux pays du Sahel et du bassin du Lac Tchad.

L'Ambassadeure Denisa-Elena Ionete représentait la délégation de l'Union européenne au Niger à la réunion de Paris. Au micro de Fréjus Quenum, elle explique que des changements doivent être faits pour stabiliser la situation alimentaire dans les pays concernés. Lisez ou écoutez son interview ci-dessous.

L'Union européenne soutient un changement de stratégie

Denisa-Elena Ionete : C'est une urgence absolue. Il y a un grand nombre de personnes qui sont affectées. On parle de chiffres de l'ordre de 40 millions (de personnes).

Le reste de couscous dans une marmite au village de Goudoude Diobe dans la région de Matam (nord-est du Sénégal)
La période dite "de soudure" s'étend de mai à août Image : dapd

On parle aussi de l'impact sur la malnutrition des enfants dans des perspectives de croissance, de survie et de développement de futures générations. Donc nous partageons cette inquiétude.

>>> Lire aussi : La hausse des prix de l’énergie touche les pays les plus pauvres

Et en tant que partenaires, nous comptons travailler ensemble à amener notre soutien pour répondre à la crise, mais également pour bâtir des opportunités afin que la cyclicité de cette crise se transforme d'un cercle vicieux en un cercle vertueux. En traitant les causes profondes.

DW : Le président du Niger, Mohamed Bazoum, a regretté le déficit de financement des plans de réponse développés par les pays de la région. Est-ce que l'Union européenne se sent concernée par cette critique ?

Denisa-Elena Ionete : Je pense que le président, avant tout, a exprimé la préoccupation pour le besoin immédiat de couvrir ses plans financiers et il a aussi demandé de l'appui. Et je pense que l'Union européenne et aussi les Etats membres et d'autres partenaires sont exactement pour cela, ici ensemble, afin de pouvoir répondre à ces demandes supplémentaires.

Pas seulement financières, comme cela vient d'être dit aussi par nos partenaires, par exemple par les experts du réseau de prévention des crises et par le système des Nations unies.

Des causes endogènes et exogènes

Denisa-Elena Ionete : "Nous comptons travailler ensemble pour bâtir des opportunités"

Il convient également de faire, en même temps que la réponse à l'urgence, des changements plus profonds de façon structurelle dans les politiques agricoles, dans les politiques de santé, de nutrition, d'eau et d'assainissement.

Donc c'est un engagement commun de partenaires techniques et financiers mais également des pays concernés pour travailler ensemble.

DW : Les partenaires européens des régions du Sahel et du bassin du lac Tchad évoquent également la guerre en Ukraine pour expliquer cette situation alimentaire précaire. Cela vient s'ajouter aux raisons endogènes mais est-ce que ces pays de la région importaient beaucoup de nourriture de Russie ou d'Ukraine ?

Denisa-Elena Ionete : Aujourd'hui, les crises sont globalisées. Les effets de la guerre en Ukraine sont multiples. Il s'agit de crises qui deviennent globales et pas uniquement liées à l'exportation par les pays en guerre ou à l'importation par les pays sahéliens de certaines céréales.

Ce sont des effets multiples qui malheureusement seront là et qui font que globalement, les denrées alimentaires deviennent plus chères et moins accessibles.

Photo de Fréjus Quenum, en interview dans le studio de la Deutsche Welle à Kinshasa en RDC (05.12.2024)
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum