Présidentielle sous tension au Tchad
10 avril 2016Les bureaux de vote ont ouvert ce matin à 6H TU, et le scrutin devrait durer 11 heures. Selon des sources jointes par la Deutsche Welle à N'djamena, le réseau internet mobile et les messages SMS ont été coupés depuis ce dimanche matin.
Par ailleurs, le correspondant de la Deutsche Welle à N'djamena a constaté que l'élection présidentielle de ce dimanche a suscité un engouement chez les électeurs. De longues files d'attente ont été observées dans de nombreux bureaux de vote de la capitale tchadienne. Le scrutin se déroule dans le calme et la sérénité. Aucun incident n'a été signalé. Cependant, les forces de l'ordre armées jusqu'aux dents ont été déployées sur les principales artères de N'djamena, et devant les bureaux de vote.
Réélection dès le 1er tour?
Idriss Déby Itno, le président-candidat croit qu'il sera réélu dès le premier tour. Il l'a d'ailleurs réaffirmé après avoir voté. Même optimisme chez son principal concurrent. L'opposant Saleh Kebzabo qui a lui aussi voté à N'djamena, précisément au quartier populaire de Moursal, a déclaré à la presse que les jours du président Idriss Déby Itno à la tête du pays étaient comptés.
Mais pour de nombreux analystes et observateurs de la vie politique tchadienne, les jeux sont déjà faits, grâce à une machine à fraude "scientifique" mise en place.
Le rôle de la fraude
La fraude, c'est la grande crainte de l'opposition qui a dénoncé ces derniers jours, l'achat par les militants du parti au pouvoir de plusieurs cartes d'électeurs. Ce qui, selon elle, va favoriser le vote multiple. Pourtant, le recensement électoral biométrique de l'année dernière était censé justement sécuriser les votes. Mais la biométrie n'a été faite qu'à moitié, c'est-à-dire sans kit d'identification des électeurs dans les bureaux de vote. Trop coûteux, selon le gouvernement tchadien.
Enfin, les résultats provisoires de ce scrutin devraient être publiés dans deux semaines par la Céni, la commission électorale nationale indépendante.
Leaders de la société civile emprisonnés
Le scrutin se tient dans un contexte tendu. Plusieurs leaders de la société civile ont été emprisonnés depuis plus de deux semaines. Leur tort ? Avoir appelé les populations à manifester contre une cinquième candidature du président sortant, Idriss Déby Itno. Jeudi dernier, le procureur de la République a requis contre ces derniers six mois d’emprisonnement ferme. Le verdict est attendu, le 14 avril prochain.
Les résultats provisoires de cette présidentielle devraient être publiés dans deux semaines par la Céni, la commission électorale nationale indépendante.