Quand la propagande russe parade en Ukraine
7 mai 2014Des soldats russes qui marchent au pas. Voilà ce qu'affiche en Une la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Ces soldats sont en pleine répétition pour les célébrations du 9 mai, qui commémorent « Le jour de la victoire » des Alliés sur l'Allemagne nazie, en 1945. Et cette année, des défilés de l'armée russe sont prévus aussi en Crimée, la péninsule du sud ukrainien annexée il y a peu par la Russie. La FAZ revient sur la « spirale » et le « dilemme » ukrainiens : si l'élection présidentielle prévue le 25 mai n'a pas lieu, ce sont le chaos et la guerre civile qui menacent. D'autant que le pays ne pourrait alors pas se doter de nouvelles autorités légitimes. Mais au vu de la tension actuelle, notamment dans l'est du pays, il est impossible d'envisager la tenue d'un scrutin – ce qui fait le jeu, toujours d'après le journal, des miliciens pro-russes, étonnamment bien armés.
L'écart se creuse entre Kiev et les provinces
Un dilemme que relève aussi die tageszeitung. La taz s'étonne par ailleurs du refus des députés de Kiev d'organiser un référendum, en même temps que la présidentielle du 25 mai, sur l'intégrité territoriale du pays, ce qui risque de creuser encore l'écart entre les régions et les autorités de la capitale. La taz craint aussi que le 9 mai et ses parades militaires russes, puis le 11 mai, jour de référendum dans l'est, ne fassent émerger de nouvelles violences.
A lire également dans la taz dans un reportage émouvant sur la haine et la peur qui se répandent au sein de la population de la métropole d'Odessa, dans le sud-ouest de l'Ukraine.
Récupération patriotique
Die Welt résume la récupération de la tension en Ukraine par Vladimir Poutine, à des fins de propagande patriotique, sous le titre : « Moscou ou la guerre des médias ». Le journal revient sur la décoration, annoncée en début de semaine, de plus de 300 personnes par les autorités du Kremlin, pour leur « grand professionnalisme et leur objectivité dans la couverture des événements en République de Crimée ». Un exemple parmi d'autres que cite le quotidien pour illustrer les manipulations à l'œuvre côté russe. Sur le plan interne, cette tactique est censée mobiliser la population russe derrière le drapeau, mais dans la réalité, et surtout en Ukraine, elles ont un effet ravageur.
Les Kieler Nachrichten reprochent sa petitesse à la diplomatie allemande. « Le ministre allemand des Affaires étrangères, écrit le journal, doit prendre garde à ne pas se rendre ridicule, à force de supplier Moscou de revenir à la table des négociations ».
Mince espoir du 25 mai
Quant à la Süddeutsche Zeitung, elle titre sur « La dernière chance de la diplomatie » et note que l'OSCE s'est commuée en cheville de tractations entre est et ouest. Mais la SZ voit un espoir pour les élections du 25 mai : si la participation est forte, que les Ukrainiens optent pour l'unité, et reconduisent avec un mandat clair le gouvernement sortant, alors la tenue de ce scrutin vaudra mieux que n'importe quelles négociations de paix.