Quand la rue proteste
2 décembre 2013De nombreux journaux publient en Une des photos des manifestants à Kiev agitant des drapeaux ukrainiens et européens. « Soulèvement pour l’Europe » titre die tageszeitung, qui note que la panique se propage à la tête de l’État ukrainien. Mais le gouvernement croit-il sérieusement venir à bout des manifestants à coup de matraques et de gaz lacrymogènes ? se demande le journal. Les Ukrainiens ont déjà démontré leur ténacité en 2004, lors de la Révolution orange. Soit le président Ianoukovitch souffre d’amnésie, soit il a – une fois de plus – sous-estimé la population ukrainienne.
Pour Die Welt, il ne faut pas oublier que le courant politique qui a amené Ioulia Timochenko et Viktor Iouchtchenko au pouvoir en 2004-2005, qu’il soit réellement pro-européen ou seulement prétendument, a échoué sur toute la ligne. Leurs leaders sont aussi peu attirants que les dirigeants actuels. Et depuis 2005, peu de choses ont changé dans le pays. Aujourd’hui, il revient aux Ukrainiens de décider eux-mêmes s’ils veulent s’orienter vers l’Est ou vers l’Ouest, vers Moscou ou vers Bruxelles. L’Union européenne est trop faible pour attirer l’Ukraine contre son gré.
La Märkische Oderzeitung se penche sur la situation en Thaïlande et relève qu’une fois de plus, la population s’enflamme à cause de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra. Chassé du pouvoir en 2006, il est toujours populaire parmi certaines franges de la société grâce à sa politique en faveur des pauvres et à l’amélioration du système de santé et du niveau d’éducation. Mais le fait qu'il continue, depuis son exil, à jouer un rôle dans la politique par le biais de sa sœur, la chef du gouvernement Yingluck Shinawatra, fait plus de tort que de bien. Et si la situation dégénère en Thaïlande, les conséquences politiques et économiques seront graves.
Malgré les premières victimes et le chaos qui envahit Bangkok, écrit la Neue Osnabrücker Zeitung, l’opposition veut continuer « jusqu’à ce que le régime de Thaksin soit éliminé ». Une menace que l’on peut voir comme une déclaration de guerre, mais aussi comme un manque d’esprit démocratique. Car l’opposition a largement perdu toutes les élections de ces dernières années. Et à présent, elle veut imposer par la violence ce que la majorité des Thaïlandais refusent.