Quatre veuves nigérianes face au puissant Shell
29 juin 2017David contre Goliath, c'est le qualificatif qu'on pourrait donner à ce procès qui oppose la multinationale anglo-néerlandaise Shell à quatre des 9 veuves ogonis dont les maris ont été exécutés. Un procès qui a vu le jour grâce à la détermination d´Esther Kiobel, une des veuves.
Yves Prigent, responsable du programme "responsabilité des Etats et des entreprises" d’Amnesty International, se réjouit de la tenue de ce procès âpres 20 ans de bataille :
"C´est l´aboutissement d'un long combat. Esther Kiobel qui mène cette bataille, a du quitter le Nigeria très rapidement après la mort de son mari. En 1998, elle est partie au Etats-Unis où elle a obtenu l´asile et elle y réside toujours. Elles ont du vivre avec toutes ses angoisses, la souffrance, le deuil. Donc il leur a fallu développer des ressources et finalement faire preuve d´un courage absolu exceptionnel. Déjà le faite qu´un procès s'ouvre c'est un signal très important en faveur de la lutte contre l´impunité dans cette situation".
Cette journée marque un tournant dans le dur combat des veuves pour la justice. Elles ne demandent qu'une seule chose pour l´instant : que Shell reconnaisse les faits qui lui sont reprochés. Channa Samkalden est l´avocate d'Esther Kiobel.
"Ce qu'elles réclament pour l´instant ce sont des excuses publiques. Donc cela signifie que pour l'instant elles ne demandent pas des dommages et intérêts mais elles veulent une déclaration indiquant que Shell admet sa responsabilité. Si elles obtiennent cette déclaration alors la prochaine étape sera de fixer le monter des réparations."
Pour rappel, Ken Saro-Wiwa et le Mouvement pour la survie du peuple Ogoni, le MOSOP, se sont opposés dans les années 1990 à la la présence de Shell au Nigeria. Ils accusaient la société de s'enrichir grâce au pétrole extrait sur leurs terres et dénonçaient la pollution due aux rejets de pétrole et aux torchères qui dévastent l’environnement et sont à l’origine d’une catastrophe écologique dans cette région du Nigéria.
Shell aurait donc encouragé l’État à stopper Ken Saro-Wiwa et le MOSOP, sachant qu’ils seraient, de ce fait, très probablement victimes de violations des droits humains. Dans un communiqué rendu public par Shell, l´entreprise rejette ces accusations qu´elle qualifie de "fausses et sans fondement".