Que faut-il pour booster l'économie africaine?
31 mai 2017Lorsqu’il évoque l’avenir de sa petite-fille de sept ans, Kinsgley Amoako rêve d’une Afrique moderne:
"Elle verra une économie qui générera suffisamment d'emplois décents pour tous les citoyens.."
Anciennement chef de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, Kinsgeley Amoako a bien conscience qu'un tel avenir sera difficile à construire, alors même que 389 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté sur le continent. Les aides au développement, c'est une partie de la solution, selon lui. Mais pour Thomas Silberhorn, la véritable clef du problème se trouverait ailleurs. Il est membre du ministère allemand de la Coopération et du Développement:
"Là où il y a de la création de richesses, les Etat africains n’épargnent pas. Cet argent n’est pas non plus utilisé pour réaliser d’autres investissements, mais il est exporté dans des lieux sûrs – dans des paradis fiscaux ou dans des bien fonciers, à Berlin, Munich, Londres ou Paris."
L’Allemagne a lancé un nouveau programme d’aide au développement, "Compact with Africa". Derrière ces investissements se cache aussi l’espoir de réduire les flux migratoires vers l’Europe. Tutu Agyare, patron de l'entreprise d'investissement Nubuke, estime que ces aides au développement ne profiteront pas à l'économie africaine tant que les pays du G20 ne changeront pas leur politique commerciale vis-à-vis de l'Afrique.
"Si je cultive mon cacao et que je le vends brut, l’Union européenne le prendra sans le taxer. Mais dès l’instant où je produis du chocolat et que j’essaie de le vendre dans l’Union Européenne, il y a une taxe de 30%. Si j’essaie d’élever mes poulets et de commencer un business de volailles, je serai concurrencé par tous les morceaux de poulets qui sont indésirables en Europe et qui sont largués dans mon pays, donc je ne pourrai pas développer mon propre secteur d’activité. C’est ce genre de conversations incommodantes que je veux avoir : est-ce que le G20 est prêt à changer quelques unes de ses pratiques pour que l’on se trouve sur un pied d’égalité ?"