Qui sont les auteurs des massacres de Beni?
19 août 2016La taz, die taz de Berlin rapporte que le bilan officiel du massacre attribué par l'armée nationale (les FARDC) à des rebelles ougandais, il y une semaine à Beni, est de 51 morts, des civils tués à la machette. Des sources locales parlent de plus du double de victimes.
À Beni, la plupart des habitants pensent que les assaillants étaient en fait des membres des FARDC, les Forces armées de la République du Congo. Des survivants au massacre assurent eux-mêmes qu'il s'aggissait de membres des FARDC qui parlaient en Swahili et en Kinyarwanda, rapporte la taz, qui ajoute qu'un journaliste local de Beni a affirmé qu'il existe au sein des FARDC un escadron de la mort qui procède à de tels massacres.
Depuis début 2014 , l'armée congolaise mène à partir de Beni, l‘opération "Sukola 1" contre les rebelles ADF. Une opération à laquelle participent jusqu'à 25.000 soldats contre 750 rebelles initialement - un nombre actuellement estimé à 300 combattants. Or, l‘armée ne gagne jamais cette guerre, c'est dans son propre intérêt, rapporte le journal berlinois qui se base sur des observateurs locaux: Beni est l'une des plaques tournantes du commerce illégal d'armes, un trafic lucratif entre l'est du Congo et l'Afrique de l'Est par le poste frontière de Kasindi, à la frontière de l'Ouganda. Les militaires engrangent là de belles sommes.
En mai dernier, le gouvernement de Kinshasa avait pris la décision de transférer le QG de "Sukola 1" de Beni vers la petite ville d'Eringeti à 65 km plus au nord - loin des voies du trafic d'armes. Début août, lors de sa visite à Beni, le président Joseph Kabila avait ordonné de mettre sa décision en application. Sur quoi, après son départ, les généraux auraient organisé le massacre pour prouver qu'il était nécessaire de maintenir leur QG à Beni.
Lors de l'assassinat du populaire général Mamadou Ndala par une attaque des ADF à Beni au début 2014, on a appris plus tard que les meurtriers avaient agi pour le compte d'un officier rival au sein de l'armée.
Si tout cela est vrai, conclut la taz, alors le président Kabila a un sérieux problème d'autorité au sein de l'armée. Ces derniers jours il a tenu des réunions de crise avec ses plus importants généraux. Jusqu'ici l'opinion publique n'a pas été informée de quelconques résultats …
Autre thème... le Soudan du Sud
L'armée sud-soudanaise est accusée de violences et de viols, commis début juillet à l'encontre de civils, y compris des membres d' organisations internationales d'aide humanitaire...
Les faits se sont déroulés début juillet à Juba; des soldats de la SPLA, l'armée sud-soudanaise ont brutalement attaqué et violé des civils, y compris des travailleurs humanitaires et des journalistes, tuant l'un d'entre eux, rapporte la FAZ, la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Des dizaines de militaires, apparemment des membres de la Garde présidentielle, ont investi le 11 juillet un hôtel abritant des employés d'organisations internationales, situé à quelques centaines de mètres d'une base de l'ONU. Ils ont brutalement violé en groupe plusieurs employées étrangères et abattu devant elles le journaliste John Gatluak, de la tribu Nuer.
La Minuss, la mission de l'ONU à Juba dispose d'une troupe d'intervention rapide devant intervenir lors d'attaques de ce genre. Or, les soldats éthiopiens qui forment cette troupe ont été alertés, mais ont refusé de quitter leur base. C'est la deuxième fois déjà que l'on reproche aux Casques bleus de ne pas porter assistance à des personnes en danger. Quelques jours auparavant, les soldats onusiens n'étaient pas intervenus non plus, alors que des soldats sud-soudanais violaient des femmes aux portes mêmes de leur base, s'indigne la FAZ...
Dans un communiqué, mercredi dernier, le secrétaire général de l'ONU s'est dit "préoccupé par les allégations selon lesquelles la Minuss n'a pas réagi de manière appropriée". Ban Ki-moon a ordonné une enquête spéciale indépendante, il exhorte également le gouvernement sud-soudanais à enquêter et à poursuivre en justice les responsables. Par ailleurs, l'ONU a documenté au moins 200 cas de viols de Sud-Soudanaises dans la capitale, Juba, pour le seul mois de juillet, perpétrés par des hommes en uniforme, notamment issus des troupes du président Salva Kiir.