Récolter plus, avec des produits chimiques
30 avril 2013Deux kilos de graines de maïs sont engloutis par une machine. En quelques secondes, les grains jaunes ressortent teintés d'un rouge éclatant. S'ils ont désormais cette couleur, c'est parce que la machine vient d'y appliquer l'herbicide Strigaway.
Dans le laboratoire du groupe chimique allemand BASF, dans le sud de l'Allemagne, Ulf Schlotterbeck est satisfait des premiers tests mais il veut encore perfectionner la technique de teinture. Car si l'herbicide en venait à se décoller de la graine, le maïs, en poussant, pourrait rapidement être attaqué par la Striga. « Les racines de la plante Striga s'attaquent directement aux racines du maïs, explique le chercheur. Cela veut dire que le Striga pompe les substances nutritives et l'énergie de la plante. Le Striga ne se contente donc pas seulement de lui prendre de la place ou de l'eau mais elle la contamine directement. »
Les racines du mal
Lorsqu'elle fleurit, la Striga ressemble presque à une rose. Mais les apparences sont trompeuses car cette plante parasite, qu'on appelle aussi herbe de sorcière, peut détruire des cycles entiers de récoltes. En particulier en Afrique de l'Est où elle est particulièrement répandue. Les ressources alimentaires de millions de personnes sont donc menacées.
Des grains résistants au Striga pourraient donc apporter une solution durable à ce problème. Ils sont d'ailleurs déjà testés à 6 000 kilomètres du laboratoire allemand, au Kenya. Sammy Waruingi y travaille comme manageur de projet: « Les agriculteurs sur place nous le disent. Lorsqu'ils sèment le maïs traité sur un quart de leurs terres, ils récoltent beaucoup plus que sur l'ensemble de leur superficie. Cela montre aux agriculteurs que c'est vraiment une solution. »
Attention produit toxique !
Les rendements pourraient effectivement doubler grâce à ces nouvelles semences. De quoi assurer aux agriculteurs de meilleurs revenus. Mais cela n'est pas sans risque. Les petits exploitants pourraient devenir dépendants des grandes firmes comme le groupe BASF. Par ailleurs, l'herbicide utilisé contre la Striga est toxique. « On conseille aux agriculteurs de se laver les mains, de porter des gants lorsqu'ils sont en contact avec les produits chimiques, explique Sammy Waruingi. Ces produits pourraient effectivement endommager les autres semences stockées dans les hangars. C'est ce qui inquiète un peu les agriculteurs. »
Mais Sammy Warruingui compte bien dissiper cette crainte rapidement. Il retient surtout les apports positifs des nouvelles graines, qui pourraient bientôt être semées dans d'autres pays africains. En Ouganda, en Tanzanie, au Malawi et au Ghana.