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Enquête allemande sur les Ouïghours maltraités en Chine

18 février 2020

Selon un collectif de médias allemands, dont la Deutsche Welle, la minorité ouïghour, essentiellement de confession musulmane et vivant dans le Xinjiang, continue d'être persécutée sur la seule base de sa religion.

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Femme ouïghour lors d'une protestation à Munich en Allemagne
Femme ouïghour lors d'une protestation à Munich en AllemagneImage : picture-alliance/Zuma/S. Babbar

'Le gouvernement fasciste chinois veut éliminer le peuple ouïghour du Xinjiang' - MP3-Stereo

Ce sont de nouvelles révélations faites après celles de novembre dernier. Des révélations basées sur des documents ayant fuités et qui prouvent que les autorités chinoises continuent d’emprisonner et de persécuter des milliers d’Ouïghours en raison de leur confession religieuse. Des Ouïghours qui sont par exemple arbitrairement arrêtés parce qu’ils portaient une barbe ou un foulard.

L’universitaire Abduweli Ayub, qui vit en exil en Norvège, est de ceux qui ont collaboré avec les médias allemands en leur remettant des documents. Depuis, il se dit menacé. "Le 8 janvier, j’ai reçu un appel par Messenger et mon interlocuteur m’a dit que je devais arrêter de faire ce que je faisais et qu’on pouvait m’atteindre partout où je serais. Oui, c’est dangereux ce que je fais mais quelqu’un doit prendre ce risque, quelqu’un devrait parler et dire au monde ce qui se passe là-bas", dit Abduweli Ayub. 

Des Ouïghours protestent à Berlin le 10 juillet 2009 contre le pouvoir chinois
Des Ouïghours protestent à Berlin le 10 juillet 2009 contre le pouvoir chinoisImage : Getty Images/S. Gallup

Pour fuir la répression, de nombreux Ouïghours ont trouvé refuge en Turquie. Dans une mosquée souterraine d'Istanbul, ils confirment tous ce qui se passe en Chine. L’imam ne peut contenir sa colère. "Le gouvernement fasciste chinois veut éliminer le peuple ouïghour du Xinjiang, la population entière ouïghour du Xinjiang, et cela au vu et au su du monde entier" s'indigne le réligieux.

Une femme qui vit également à Istanbul, a appris l’arrestation de l’une de ses sœurs dont le nom figure dans les documents qui ont futés. "J'étais vraiment triste, pendant des jours, je n'ai pas pu dormir. J'étais vraiment choquée et triste de son arrestation. J'ai entendu dire que les conditions en prison sont très mauvaises. Ils n'ont même pas assez de nourriture pour manger", lance-t-elle.

Le camp où sont détenus des Ouïghours à Artux dans le Xinjiang
Le camp où sont détenus des Ouïghours à Artux dans le XinjiangImage : AFP/G. Baker

Le document de près de 140 pages en possession de la Deutsche Welle, NDR, WDR et la "Süddeutsche Zeitung", comporte les noms complets, les numéros d'identification et le comportement social de plus de 1.800 proches de 311 détenus. 

Selon les estimations des militants des droits de l'homme, jusqu’à un million d'Ouïghours sont détenus arbitrairement dans des camps dans la province du Xinjiang. 

Le gouvernement chinois parle d'établissements de formation professionnelle. Pékin accuse les Ouïghours de séparatisme et de terrorisme. 

Le document publié par les médias allemands inclut l'exemple d'un homme qui a été emprisonné pour avoir fermé son restaurant pendant le mois du ramadan. Les autorités chinoises y auraient vu une indication que l'homme pourrait avoir des "idées extrémistes".

On estime à dix millions le nombre d’Ouïghours vivant en Chine. 

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle