Raid meurtrier en Libye : le HCR parle de crime de guerre
3 juillet 2019Le gouvernement d'union nationale (GNA) dirigé par Fayez el-Sarraj, basé à Tripoli, impute la responsabilité de cette frappe survenue dans la nuit de mardi à mercredi aux forces rivales de Khalifa Haftar.
Michel Scarbonchi, ex-eurodéputé français et proche du maréchal Haftar, confirme que ce sont des tirs provenant de son armée qui ont touché le camp de réfugiés. Mais il accuse le camp du gouvernement d'être responsable du drame en ayant installé un dépôt de munitions près du camp.
"L'armée du maréchal a détruit le dépôt de munition et par ricochet les explosions ont provoqué des blessés et des morts chez les migrants qui étaient là. Pourquoi l'ONU qui est censée regrouper, sécuriser, protéger les migrants, laisse un camp de migrant installé à côté d'un dépôt de munitions. Sarraj essaye de faire porter la responsabilité au maréchal Haftar", soutient Michel Scarbonchi.
Contacté, le ministère des Affaires étrangères du gouvernement de Fayez Mustafa al-Sarraj a toutefois nié l'existence de ce dépôt de munitions, rejetant ainsi à son tour, la responsabilité de ce carnage sur les seules forces du maréchal Khalifa Haftar.
Large condamnation
"Ce carnage ignoble et sanglant" est "une conséquence des plus horribles et tragiques" de "l'absurdité de cette guerre", a déclaré dans un communiqué l'émissaire de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé.
Romain Desclous, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés pour l’Afrique de l’ouest, évoque pour sa part un "crime de guerre".
"Cela fait un certain temps déjà qu'ensemble, nous alertons les parties prenantes au conflit pour leur dire de ne pas cibler ces centres de détention. C'est un crime de guerre qui a été mené. C'est inacceptable. Nous appelons aussi de fait à une enquête internationale afin de pouvoir établir les responsabilités et traduire en justice les personnes qui en sont responsables", déclare-t-il.
À la suite du HCR, l'Union européenne et l’ONU ont aussi condamné cette "horrible attaque" et demande l’ouverture d’une enquête internationale.
Le secrétaire général de l'Onu a de son côté, réitéré son appel "à un cessez-le-feu immédiat en Libye et au retour à un dialogue politique" pour résoudre le conflit, a selon son porte-parole Stéphane Dujarric.