RCA, chasse gardée du pouvoir tchadien ?
4 février 2014Le Tchad est souvent cité comme l'artisan du renversement du régime de l'ex-président centrafricain Ange Félix Patassé. Et la plupart des observateurs convergent à la conclusion que si le Tchad jadis protecteur de François Bozizé s'était opposé, les rebelles de la Séléka n'auraient pas pu arriver à Bangui en mars 2013. Depuis, le Tchad fait l'objet de vives critiques dans une partie de l'opinion centrafricaine qui l'accuse d'être à l'origine de la situation actuelle.
Conflit d'intérêt
C'est sans doute aussi pourquoi l'élection du Tchad comme membre non permanent au Conseil de sécurité des Nations unies suscite des remous. L'analyse de Acheikh Ibn-Oumar, ancien représentant du Tchad auprès de l'ONU et spécialiste des relations internationales contacté au téléphone par la Deutsche Welle :
«Le Tchad, tout en étant membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies est ouvertement hostile à l'intervention des forces des Nations unies en Centrafrique. Donc première contradiction ! Deuxièmement, les forces tchadiennes qui sont en RCA sont en nombre incontrôlable. Toute la frontière commune de presque mille kilomètres entre le Tchad et la Centrafrique fait l'objet d'incursion des forces tchadiennes sous prétexte de contrôle de la frontière, donc déjà sur le plan militaire, vous voyez la confusion !»
Le Conseil de sécurité interpellé
Le Tchad occupe son siège au Conseil de sécurité depuis le 1er janvier. Mais Ndjamena peut-il à lui seul influencer les décisions de cette instance onusienne concernant la Centrafrique ? La réaction d'Acheikh Ibn-Oumar :
«Non ! Il ne peut pas bloquer indéfiniment mais il peut retarder les choses et les compliquer et si la décision est prise contre la volonté du gouvernement tchadien, il a un certain pouvoir de nuisance et il peut en quelque sorte saboter la mise en oeuvre. Ce qui serait absolument dangereux.»
Le Tchad a été élu le 17 octobre 2013 membre non permanent au Conseil de sécurité de l'Onu aux côté du Nigeria et l'Arabie saoudite. Ce sont tous des pays de mauvaise réputation en ce qui concerne les droits de l'homme.
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