RCA : des blessures au corps et à l'âme
24 décembre 2013Dans l'enceinte de l'hôpital, Médecins Sans Frontières a déployé une grande tente pour accueillir et soigner les personnes blessées, par balles ou par machettes, lors de la vague de violences qui a frappé la capitale centrafricaine depuis la nuit du 5 décembre.
Des habitants traumatisés
Sous la tente, une vingtaine de blessés graves et encore sous soins intensifs sont allongés sur des petits matelas étalés sur des bâches. Certains sont encore visiblement fatigués et ont de la peine à s'exprimer. Comme Arsène, blessé par balles le 5 décembre : « Moi je fuyais, c'est juste au moment où je voulais fuir qu'ils m'ont tiré dessus ; au niveau de la cheville, la cheville droite. »
Arsène, ne nous dira pas qui lui a tiré dessus, par peur d'éventuelles représailles. Youssouf habitait un quartier au nord de la ville. Lui aussi a reçu une balle ce jour-là alors qu'il quittait le quartier. Il raconte ce qui lui est arrivé. « C'était la journée du 5 décembre 2013, les éléments des anti-balaka étaient sortis vers Gobongo et l'autre quartier d'en face. Des groupes étaient partis pour essayer de braquer les gens au quartier et c'est en partant qu'on les a croisés en route. Ils ont ouvert le feu sur nous et c‘est en courant que j'ai pris une balle derrière. J'ai eu le fémur cassé, côté droit, au niveau de la cuisse. Ca a été un choc. Un jour après, on m'a hospitalisé ici, à l'hôpital communautaire. »
Pas de distinction entre les religions
Comme Arsène et Youssouf, des centaines de blessés ont été pris en charge pendant ces deux semaines par Médecins Sans Frontières qui met à la disposition de l'hôpital les moyens nécessaires. Marie-Elisabeth Ingres, chef de mission adjointe à MSF explique : « Ici, on reçoit majoritairement les blessés qui ont besoin de chirurgie après des violences. Il y a un peu plus de 400 blessés. Il y a eu deux gros afflux massifs de blessés les 5 et 6 décembre. »
Le personnel de l'hôpital, médecins et infirmiers, sont mobilisés au chevet des patients. Ils font quotidiennement de simples pansements ou des opérations de chirurgie. Préférant ne pas s'exprimer à notre micro, le directeur de l'hôpital affirme que l'établissement reçoit et soigne tous les blessés sans distinction de religions.
Dans la seule journée du 5 décembre, l'hôpital communautaire a enregistré 92 morts et 155 blessés. Le bilan des violences à Bangui, selon Amnesty International, dépasse le millier aujourd'hui.