Les mercenaires de Wagner "torturent" des chauffeurs en RCA
11 décembre 2023En Centrafrique, la base des mercenaires du groupe Wagner à Kaga Bandoro a été la cible d'une attaque par drone, hier [10.12.23], qui a fait deux morts et plusieurs blessés parmi les mercenaires. L'attaque n'est pas revendiquée et le gouvernement a ouvert une enquête sur ce qu'il qualifie d'acte prémédité.
La situation des droits humains en Centrafrique demeure problématique. Cette année, les organisations de défense des droits de l'Homme s'alarment notamment des enquêtes qui demeurent sans suite.
La Ligue centrafricaine des droits de l'Homme dénonce quant à elle les violences des mercenaires du groupe Wagner et un traitement inhumain des chauffeurs centrafricains qui travaillent pour les Russes. C'est ce qu'explique son président, Joseph Bindoumi.
Ecoutez ci-contre l'interview avec Joseph Bindoumi
Joseph Bindoumi : Nous avons été saisis par les parents des chauffeurs de citerne qui conduisaient le carburant de la société Wagner à Ndassima dans des conditions inhumaines, gardés dans des containers, et qui ont été suffisamment torturés.
Nous avons réagi et nous avons, au cours de notre réaction, appelé le ministre de la Défense et le ministre de la Sécurité à nous prêter la main pour que le pouvoir public Centrafricain intervienne auprès de Wagner pour nous ramener vivants nos compatriotes. Effectivement, nos compatriotes ont été ramenés vivant.
Ils sont, au moment où je vous parle, à l'Office central de répression du banditisme, les juges centrafricains et les services de la justice centrafricaine étant saisis, nous voulons que cette procédure soit conduite jusqu'au bout.
Nous avons appris que, effectivement, ces hommes avaient été suffisamment torturés, alors nous pensons que la justice centrafricaine doit vérifier au niveau de leur santé pour qu’il n'y ait pas de conséquences graves sur eux.
Mais ce que nous demandons aussi au gouvernement de la République centrafricaine, c'est de faire en sorte que ces gens [du groupe Wagner] n'interviennent pas souvent. Les gens qui sont venus pour nous aider à sortir d'une crise ne devraient pas être à l'origine d'autres crises à l'égard des centrafricains.
DW : Vous avez parlé aussi de la précarité du travail de ces employés qui n'ont pas de salaire.
Joseph Bindoumi : La ligue centrafricaine des droits de l'Homme a poursuivi ses investigations lorsque nous avons été saisis pour nous rendre compte que ces chauffeurs qui transportent le carburant de la société Wagner de Bangui à Ndassima ne sont pas salariés en tant que tel.
Ils font pratiquement un travail qui ressemble à l'esclavage : on vous prend pour conduire un véhicule citerne, vous n'avez pas le droit de vous arrêter, vous n'avez pas le droit de manger.
C'est eux [le groupe Wagner] qui décident de l'endroit où le véhicule doit s'arrêter et lorsque vous arrivez à destination, on vous fait déposer le carburant, mais on vous fait repartir le même jour.
On vous fait partir le même jour pour que vous arriviez à Bangui où vous puissiez encore chercher du carburant pour repartir encore là-bas. Et le salaire n'est pas un salaire en tant que tel à la fin de mois, c'est un salaire qu'on donne comme ça au journalier, mais qui ne correspond pas à la souffrance de la personne.