Un ex-ministre accusé de détournement de fonds en RDC
23 août 2024Bernard Takaishe est accusé d'avoir détourné cinq millions de dollars destinés à la construction d’une nouvelle prison à Kinshasa. Son arrestation est survenue après la publication d'un rapport de l’Inspection générale des finances qui faisait état de la disparition de ces fonds.
Dans un communiqué, la Fondation Bill Clinton pour la paix a dénoncé son arrestation par les agents de l'Agence nationale de renseignements qui le détiennent dans leurs locaux. Par ailleurs, plusieurs sources estiment que l'arrestation de Bernard Takaishe serait liée à des règlements de compte au sein du parti présidentiel, l'Union pour la démocratie et le progrès social.
DW: Le 20 août, mardi dernier donc, l'ancien l'ancien vice-ministre de la Justice du gouvernement Ilunga Ilunkamba, Bernard Takaishe a été interpellé pour détournement présumé de cinq millions de dollars destinés à la construction d'une nouvelle prison à Kinshasa. Est-ce que vous en savez un peu plus ?
Baudouin Amba Wetshi: Monsieur Bernard Takahishe Ngumbi est un membre du parti présidentiel, l'UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social). Donc, si le parti veut prêcher par exemplarité, il ne peut qu'applaudir. Je ne suis pas dans les secrets des dieux. C'est difficile à dire à ce stade. Parce qu'il n'a même pas encore été entendu par un magistrat.
Par ailleurs, je n'explique pas l'intervention des deux agences de renseignements : renseignement militaire et civil. Leurs compétences résident au niveau de la sécurité nationale. Je ne crois pas que Monsieur Bernard Takaishi ait pu poser un acte qui entache la sécurité nationale. Cela m'a l'air difficile à croire.
DW: Et pensez-vous que son arrestation, même s'il est encore présumé innocent, pourrait dissuader ceux qui sont tentés ou qui ont l'habitude de se servir de la fortune publique ?
Baudouin Amba Wetshi: : D'ailleurs, c'est le lieu peut-être de saluer l'actuel ministre de la Justice, Constant Mutamba qui a amené un souffle nouveau au ministère de la Justice. On disait toujours chez nous, qui surveillait les gens ? Maintenant, j'espère que le gendarme est là. On va voir. Il y en a d'autres qui disent, pourvu que cela dure.
DW: Parlant justement de Constant Mutamba, le ministre congolais de la Justice, il a initié récemment la bancarisation des frais de justice dont une grande partie échappait au Trésor public. Qu'est-ce que vous en pensez ?
Baudouin Amba Wetshi : J'ai eu la chance de travailler au ministère de la Justice de la RDC. Et le ministre de la Justice, au-delà de sa qualité de membre du gouvernement, est le chef de l'administration du ministère de la Justice. C'est-à-dire que tout ce qui est administratif ressort de sa compétence. Donc, ce n'est pas à un magistrat de s'occuper des amendes, des amendes transactionnelles. Les actes posés par Monsieur Mutamba ne portent nullement atteinte au principe de séparation des pouvoirs. Je crois que nos magistrats ont été mal habitués.