La RDC au Conseil des droits de l’Homme, Riyad recalée
9 octobre 2024Bien que le Conseil des droits de l'homme ne dispose pas de pouvoirs juridiquement contraignants, ses réunions suscitent l’attention et peuvent donner lieu à des enquêtes sur les abus, lesquelles servent parfois de base à des poursuites pour crimes de guerre.
La République démocratique du Congo, l'Éthiopie, le Kenya, la République tchèque, la Macédoine du Nord, la Bolivie, la Colombie, le Mexique, l'Islande, l'Espagne et la Suisse ont été élus au Conseil. Le Bénin, la Gambie et le Qatar ont été réélus pour un deuxième mandat de trois ans. Les membres du Conseil ne peuvent pas exercer plus de deux mandats consécutifs. Les nouveaux élus commenceront leur mandat le 1er janvier 2025.
La RDC fait ainsi son retour au Conseil des droits de l’Homme après y avoir été élue en 2017. Le gouvernement congolais considère que cette entrée lui permettra d'améliorer la situation des droits humains dans le pays, mais cet argument ne convainc pas les ONG des droits humains, qui pointent du doigt les graves lacunes en la matière.
Ces critiques ne proviennent pas uniquement des ONG, mais aussi d'autres observateurs qui déplorent la dégradation des droits humains, notamment dans les prisons du pays.
Conditions carcérales en RDC
"Les conditions de détention en République Démocratique du Congo se sont détériorées, avec des cas de torture et de violences sexuelles signalés dans les centres de détention gérés par les services de renseignement", a déclaré mardi (08.10.2024) le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Turk.
Les prisons congolaises, déjà surpeuplées, violentes et insalubres, ont été au centre de l'attention le mois dernier après que plus de 260 détenues ont été agressées sexuellement lors d'une tentative d'évasion massive de la prison centrale de Makala, à Kinshasa.
Au moins 129 personnes ont été tuées lorsque les gardiens ont fait usage de balles réelles contre les détenus qui tentaient de s’évader. La prison, conçue pour une capacité de 1 500 personnes, en hébergeait plus de 15 000 au moment des faits.
Volker Turk a également précisé que les détenus en RDC étaient maintenus dans des "conditions désastreuses", sans accès à des avocats ni à leurs familles. "Dans les centres de détention gérés par les services de renseignement, en particulier, un certain nombre de détenus sont soumis à la torture et à d'autres mauvais traitements, y compris des violences sexuelles", a-t-il souligné devant le Conseil des droits de l'homme.
Les représentants du Bureau des droits de l'homme de l'ONU se sont vus refuser à plusieurs reprises l'accès à la prison de Makala et aux centres de détention des services de renseignement, a précisé Seif Magango, porte-parole du Haut-Commissariat.
L’Arabie saoudite recalée
L'Arabie saoudite a essuyé un revers dans ses efforts pour redorer son image en matière de droits humains à l'international, quatre ans après un échec similaire en 2020 pour rejoindre cet organe composé de 47 membres.
Le royaume investit des milliards pour transformer son image mondiale, tentant de passer d'un pays connu pour ses restrictions religieuses strictes et ses abus des droits humains à un hub touristique et de divertissement, dans le cadre du plan "Vision 2030" lancé par le prince héritier Mohammed Ben Salman.
Les membres du Conseil des droits de l'homme, basé à Genève, sont élus par l'Assemblée générale des Nations Unies, composée de 193 membres, à New York, lors d’un vote à bulletin secret organisé par groupes géographiques pour garantir une représentation équitable.
Le groupe Asie-Pacifique, auquel appartenait l'Arabie saoudite, était le seul à faire face à une compétition ce mercredi, avec six candidats pour cinq sièges. Les Îles Marshall ont décroché le cinquième siège avec 124 voix, tandis que l'Arabie saoudite a échoué de peu, avec 117 voix.