RDC : la corruption gangrène toujours le monde politique
22 août 2023Matata Ponyo devant les tribunaux : procès politique, comme cet ancien Premier ministre et candidat à l'élection de décembre 2023 le fustige? ou procès de droit commun ? Il est vrai que le doute pourrait être permis, au regard de la temporalité dans laquelle l’affaire est ressortie.
Le cas Matata Ponyo
Renvoyée au 4 septembre prochain, ce dossier ne constitue qu’un exemple parmi toutes les affaires de corruption que connaît le monde politique congolais. Bien que le président actuel, Félix Tshisekedi, ait fait de la lutte contre la corruption l’une de ses priorités pour son quinquennat, les détournements et autres pots-de-vin ne semblent pas pour autant avoir cessé. Quitte à ce que les principaux commanditaires de crimes financiers soient parfois rattrapés par le pouvoir.
Si le professeur Florimond Muteba, de l’Observatoire des dépenses publiques au Congo, assure que le politique est venu s’immiscer dans le travail de la justice dans le cas de Matata Ponyo. Il estime que "cela ne veut pas dire que quelqu’un est poursuivi car il est opposant. Comme c’est le cas de Matata Ponyo. Mais est-ce que cela veut pour autant dire que l’affaire n’est pas vraie ? Elle est vraie. Si on veut l’évaluer, dans toute sa totalité, le Congo a perdu énormément".
Une grande perte pour la RDC
Matata Ponyo n’a pas été le seul homme politique à avoir été appelé devant les tribunaux. L’ancien conseiller de Félix Tshisekedi, Vidiye Tshimanga, ou encore l’actuel ministre de l’Economie, Vital Kamerhe, ont également eu le droit à leur affaire dans l’année écoulée.
Selon Ernest Mpararo, secrétaire général de la Ligue congolaise de lutte contre la corruption (Licoco), ces affaires représentent une goutte d’eau parmi tous les cas de corruption commis dans le secteur politique.
"Avec le baromètre de la corruption que nous avions publié en 2019, nous avions constaté que le secteur le plus touché est le secteur politique", se souvient Ernest Mpararo, "car ce sont eux qui accèdent aux ressources, et lorsque c’est le cas, ils les détournent."
Difficile donc d’estimer les pertes engendrées pour l’Etat congolais. Cela se chiffrerait en milliards de dollars depuis 2018, évalue le secrétaire de la Licoco, étant donné que "la corruption est vraiment généralisée en RDC, et même institutionnalisée. C’est dans tous les secteurs de la vie nationale que l’on retrouve les actes de corruption et de faits assimilés. Les experts estiment le coût de cette corruption entre 10 à 15 milliards de dollars de pertes".
Selon l'ONG Transparency International, la République démocratique du Congo se trouvait à la 166e place sur 180 en 2022.