RDC: des personnes LGBTQ+ ne pourront pas voter
11 juillet 2023Bella est transsexuelle et vit à Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, située dans l’Est de la RDC. Le 22 mars, avec quatre amis, elle décide de se rendre dans un centre d’enrôlement dans la commune d’Ibanda.
Très vite, la situation dégénère, Bella et ses amis se font agresser. Le chef du centre a refusé de les laisser rentrer dans les bureaux, prétextant que ce sont des personnes qui ne sont " pas utiles" à la société congolaise et qui n’auraient donc pas, selon lui, le droit de voter.
Jusqu'à présent Bella, n’a toujours pas de carte d’électeur et ne pourra probablement pas voter en décembre.
" Nous n’avons pas réussi à nous enrôler parce qu’après les évènements du 22 mars, quand on nous a tabassé et ravi nos téléphones, nous avons refait une tentative le lendemain. Dès que nous sommes arrivés dans un autre centre d’enrôlement qui était à l’Institut Kasali à Kadutu, les gens qui nous ont vus ont commencé à hurler en disant que nous étions des démons. Nous n’avons pas eu d’autre choix que de fuir. A l’heure actuelle, nous n’avons pas de carte d’électeur. La plupart des partis politiques qui veulent avoir plus de popularité promettent de lutter contre l’homosexualité et de criminaliser ces pratiques. Nous avons vraiment peur qu’il y ait encore plus d’agressions en cette période électorale" explique à la dw Bella.
Menaces en période électorale
Dans de nombreux pays africains, en période électorale, la pratique de certains responsables politiques est en effet de trouver un bouc émissaire en s’attaquant à la communauté LGBTQ+ et en promettant le renforcement des lois qui condamnent notamment l’homosexualité, précise Boubacar, un activiste sénégalais.
"Comme nous le savons, la plupart du temps, en Afrique, lorsqu’il y a des élections, que ce soit l’opposition ou le pouvoir, ils drainent beaucoup de monde, beaucoup de jeunes. Et ces jeunes sont manifestement sensibilisés sur la situation par des discours extra homophobes. Nous pensons qu’il est anormal aujourd’hui que des personnes n’arrivent pas à voter tout simplement parce que ce sont des personnes homosexuelles, qui sont par ailleurs persécutées parce qu’elles vivent une période électorale intense en matière de violence verbale et souvent de violence physique" précise l'activiste.
Des stratégies pour éviter les débordements
Lutter contre ces violences en période électorale contre les membres de la communauté LGBTQ+, c’est ce sur quoi travaille Jérémie Safari et son association Rainbow Sunrise Mapambazuko, à Bukavu au Sud-Kivu.
"Notre organisation a pensé à organiser des ateliers de renforcement des capacités pour les personnes transsexuelles, et d’autres membres de la communauté LGBTQ+, sur la sécurité et la gestion des risques pour pouvoir prévenir des menaces et des agressions qui peuvent survenir durant les campagnes électorales," confie-t-il à la Deutsche Welle.
En tant qu’activiste, Boubacar en appelle aux autorités afin de permettre aux personnes LGBTQ+ de pouvoir voter librement, loin des menaces verbales et physiques.