RDC : l'état de siège prolongé malgré l'absence de résultats
6 août 2021En République démocratique du Congo, trois mois jour pour jour après son instauration,l'état de siège a été prorogé pour la cinquième fois consécutive dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri.
Mais en dépit des mesures d’urgence et du pouvoir confié aux militaires, la situation sécuritaire sur le terrain semble empirer, ce qui exaspère la population. L’armée pour sa part a admis que l’état de siège ne mettra pas fin au conflit dans la région.
Selon les statistiques des différentes organisations de la société civile, les attaques des rebelles ADF se sont même accentuées depuis l'instauration de l'état de siège.
Un échec ?
Christophe Munyanderu, coordinateur de la Convention pour le respect des droits humains en territoire d'Irumu, dans l'Ituri, où les ADF tuent et incendient des véhicules régulièrement, s'interroge. "Quand on a décrété l'état de siège, la population s'attendait au retour rapide de la paix mais ce qui est surprenant, c’est que l'ennemi est devenu encore plus virulent, assure-t-il. Cela prouve que l'ennemi se moque du gouvernement congolais."
Les organisations de défense des droits humains ne sont pas les seules à fustiger ce que l'on appelle ici l'échec de l'état de siège.
Les députés nationaux et provinciaux de la région l'ont aussi fait savoir à Kinshasa, avant cette cinquième prorogation.
L'armée concède les limites de l'état de siège
Pour faire face à ces critiques, le porte-parole parole du gouverneur militaire, le général de brigade Sylvain Ekenge, a tenu devant la presse locale à souligner le travail réalisé par l'armée. Surtout, il a admis que l’état de siège ne mettra pas fin à un conflit qui dure depuis plus de trois décennies.
"Vous croyez que c'est avec l'état de siège qu'on va mettre un terme à toute l'insécurité ? Non, a concédé le général. L'état de siège va diminuer la violence et l'armée et la police vont poursuivre leur action pour la stabilisation et arriver à la pacification totale du pays. L'état de siège a été mis en place pour que les violences soient réduites au maximum."
Pendant ce temps, les territoires de Beni dans la province du Nord-Kivu, ainsi que celui d’Irumu dans l'Ituri, continuent de pleurer leurs morts. Pas plus tard que ce jeudi (05.08), les ADF ont tué huit civils et en ont blessé quatre autres dans une attaque du village de Mbingi près de Mamove, au nord-ouest du territoire de Beni.