Au Kasaï, le programme de Félix Tshisekedi ne convainc pas
21 janvier 2022Au Kasaï oriental, les routes de desserte agricole sont dans un état de délabrement avancé. Idem pour la route nationale numéro 1. Longue d'environ 150 kilomètres, elle relie les provinces du Kasaï oriental, de Lomami et de Lualaba. Mais là encore, son état est déplorable. Parsemée de nids de poules avec un bitume détérioré, la route Mwene Ditu-Mbuji Mayi est un véritable calvaire pour ses usagers. Enfin, la pauvreté des habitants de la région a atteint un seuil très élevé.
Pour beaucoup, les soins de santé primaire restent inaccessibles et de nombreux enfants souffrent de malnutrition.
Monique Meta est mère de cinq enfants. Elle revient du village de Kabwe, situé à 15 kilomètres de Mbujimayi. Pour cette femme âgée d’une trentaine d’années, l’urgence c’est la lutte contre la famine :
"J’étais à Kabwe, j’y vais chaque matin… je vais payer les amarantes, c’est ma marchandise. Chez nous c’est la famine qui va nous exterminer, nous vivons dans la misère, l’éclairage de la route ne donne rien. Je me débrouille à ma manière pour survivre mes enfants et moi. Leur papa n’est plus en vie. Il était mineur", témoigne-t-elle.
Lire aussi → Kasaï Oriental : le déclin de la MIBA se poursuit
L'urgence
Le journaliste Nicolas Kazadi estime que les services du chef de l’Etat n’ont pas pu cerner les problèmes spécifiques de la province :
"Aujourd’hui, pour la population du Kasaï oriental, il faudrait concevoir les choses d’une manière urgente parce que c’est une population qui est dans une extrême nécessité. Il faut pouvoir répondre à ses besoins de base, notamment l’accès à l’eau, à l’électricité et à des infrastructures de base. Même les routes de desserte agricole n’existent pas. Donc ce projet ne doit pas être conçu simplement pour des buts propagandistes."
Lire aussi →RDC : à quand le retour de l'électricité à Kisangani ?
La question des financements
Selon les termes officiels, le programme prôné par le chef de l'Etat, Félix Tshisekedi, veut pourtant promouvoir "le développement à la base".
Mais Nicolas Mbiya, membre de la Lucha (Lutte pour le changement) au Kasaï oriental, doute de sa faisabilité. Celui-ci s'interroge notamment sur son financement dans la mesure où la loi de finances 2022 a déjà été votée sans que ce programme n'ait été crédité :
"J’aimerais être optimiste sur la capacité de ce programme à relever le défi du développement mais quand je le lis, il y a des choses qui ne me laissent pas la chance d'être optimiste. On voit par exemple qu’on va recourir à l’énergie solaire et je ne sais pas si c’est vraiment un bon choix. Mais il y a aussi le nombre d'écoles : je trouve que c’est insignifiant quand on les répartit sur le nombre de territoires", affirme Nicolas Mbiya.
Ce programme fait suite à celui des 100 jours, mis en avant par la présidence mais qui s’est surtout fait connaître pour des scandales de détournements de fonds. Des conseillers à la présidence sont en effet soupçonnés d’avoir surfacturé l’achat de matériel pour la construction et la réhabilitation d'écoles et d'hôpitaux.