RDC: la détention prolongée de Sosthène Kambidi inquiète
24 septembre 2021Sosthène Kambidi est un journaliste qui travaille, entres autres, en tant que correspondant dans le Kasaï pour le média en ligne Actualité.cd. Dans un premier temps, il a été interrogé en tant que témoin.
Depuis mercredi, c’est désormais en tant qu'inculpé dans l’affaire du meurtre des deux experts des Nations unies en 2017 au Kasaï. Le parquet militaire cherche à savoir d'où Sosthène Kambidi tenait ses informations sur cette affaire et comment il s'était procuré une vidéo de l'exécution des experts.
Liberté de la presse mise à mal
Pour maître Godefroid Kabongo Nzengu, son avocat, au fur et à mesure que l'instruction va évoluer, il peut y avoir des éléments nouveaux qui vont amener à requalifier les faits voire à les disqualifier. « Dans le mandat d’amené sur base duquel il a été arrêté, il est dit qu’on a mis trois préventions : association de malfaiteur, terrorisme et insurrection. Mais ça ce sont des qualifications pénales qui peuvent être requalifiées après l’audition. A partir de ces éléments-là, nous pouvons les exploiter et démontrer qu’on ne peut pas retenir les qualifications pénales telles que contenues dans le mandat d’amener,» insiste l’avocat.
La détention prolongée de Sosthène Kambidi inquiète de nombreuses organisations aussi bien de défense des droits de l’Homme que de défense des journalistes.
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Pour rappel, le journaliste a toujours affirmé sa volonté de collaborer avec la justice dans ce dossier. Pour Reporters sans frontières, sa détention prolongée est d'autant plus préoccupante qu'elle s'effectue sous le regard des Nations unies qui participent aux auditions dans le cadre d'un mécanisme mis en place pour assister la justice militaire congolaise.
Pour Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF, la question de la protection des sources par les journalistes est au cœur même de cette affaire. Il renseigne que « la protection des sources, c’est le corolaire d’un journalisme d’investigation et d’un journaliste de qualité. » Pour lui dans ce cas spécifique « on a du mal à savoir où veut en venir la justice militaire congolaise. » Arnaud Froger « rappelle que cette vidéo n’est pas neuve, qu’elle a été transmise aux autorités congolaises très rapidement il y a quatre ans, donc on a beaucoup de mal à expliquer ce que vient faire l’arrestation et la détention de ce journaliste en lien avec cette affaire, aussi longtemps après les faits. Cette arrestation et cette détention avec les éléments dont on dispose paraissent complètement injustifiées et soulèvent beaucoup de questions et de préoccupations, »
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Le cas de Sosthène Kambidi soulève aussi la question de la liberté de la presse en RDC et rappelle notamment les images du 15 septembre dernier, lorsque des journalistes ont été violentés alors qu’ils couvraient la manifestation d’un parti d’opposition.