RDC: l'Eglise vent debout contre Kabila
22 janvier 2018En entrant ouvertement dans le jeu politique, l’Eglise catholique espère faire respecter la constitution et obtenir l’alternance au sommet de l’Etat. Cet impératif se justifiait depuis la disparition, il y a près d’un an, de l’opposant Etienne Tshisekedi. Depuis, l’opposition congolaise a mis au grand jour des dissensions internes dont profite le président Joseph Kabila, bien décidé à conserver le pouvoir.
"C’est peut-être la fin d’une époque. C’est peut-être la fin de ce petit jeu du partage du pouvoir, du dialogue, des accords un peu bancals. Tous les réseaux de l’Eglise Catholique, ils sont dans les écoles, dans les centres de santé, dans les actions sociales, dans les hôpitaux, dans les Eglises. Donc, ils sont vraiment au contact de la population. Donc, c’est à prendre très au sérieux", justifie Colette Braeckmann. La journaliste belge, au quotidien "Le Soir", est convaincu qu’avec l’entrée en selle de l’Eglise, une nouvelle ère est en train de s’ouvrir en RDC.
Premières fissures au sein de l’appareil sécuritaire
Au regard des derniers développements de l’actualité en RDC, l’on se demande bien Jusqu’où peut aller ce mouvement de contestation conduit par l’Eglise catholique ?
La dynamique en cours commence à porter ses fruits, selon le politologue Charis Basoko. En effet, des fissures seraient apparues au sein du système sécuritaire. "On a eu plusieurs témoignages hier des manifestants qui nous ont rapportés que certains policiers leur demandaient de manifester, de sortir. Nous avons également eu écho des fissures au niveau notamment de la hiérarchie militaire. Et aussi, de ceux qui ne sont pas d’accord pour que ces genres de mission soient confiées aux mercenaires et qui sont utilisées justement pour réprimer les manifestants", croit savoir Charis Basoko, le Chargé de plaidoyer du RODHECIC, le Réseau d'Organisation des Droits Humains et d'Education Civiques d'Inspiration Chrétienne, basé à Kinshasa.
Le poids de l’Eglise en RDC
Dans la foulée de l’ouverture démocratique concédée par le président de l’époque, Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Zabanga, Monseigneur Laurent Monsengwo, à l’époque président de la CENCO, la conférence épiscopale nationale du Congo est désigné pour diriger la CNS, la conférence nationale souveraine. Sentant la pression s’accentuer autour de lui, Moboutu, suspend la conférence. Le clergé sous la férule de Monsengwo appelle les populations à descendre dans la rue, après la messe du 16 février 1992. La répression qui s’en est suivie a fait plusieurs morts.
Auréolé du rôle majeur qu’il a joué pendant les assises de la CNS, Monseigneur Laurent Monsengwo devient président du Parlement de la transition en 1994. Depuis, l’Eglise catholique congolaise, dont il devient le Cardinal a pris de l’envergue. Ses appels sont respectés au pied de la lettre. C’est pourquoi, Joseph Kabila qui le considère comme son principal opposant s’en méfie. Monseigneur Laurent Monsengwo et l’Eglise réussiront-ils à le faire fléchir ?