La situation dans l'est de la RDC inquiète les humanitaires
26 juillet 2022Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) en RDC, les combats entre l'armée congolaise et le groupe M23, qui ont eu lieu ces dernières semaines au Nord-Kivu, ont déplacé plus de 160.000 personnes dans les territoires de Rutshuru et de Nyiragongo.
Le redéploiement des troupes gouvernementales dans ce conflit a créé des vides et un environnement sécuritaire fragile, à la fois en Ituri et au Nord-Kivu.
Le HCR précise que l'insécurité aggrave les conflits intercommunautaires, le manque d'infrastructures et l'absence d'institutions dans la région.
Pour Pierre Atchom, le représentant adjoint chargé de la protection au HCR, ces attaques endeuillent les familles et font des centaines de victimes.
"Cette année, 800 personnes ont été tuées dans des attaques brutales des groupes armés utilisant des machettes et des armes à feu. Lors de ces attaques, des maisons sont pillées et incendiées et de nombreuses autres violations des droits humains sont commises. Les populations déplacées dans des sites d'accueil dédiés ont été ciblées ainsi que celles qui retournent dans leurs villages après avoir fui les violences et les attaques précédentes. Le HCR est grandement préoccupé par cette tendance. Chaque semaine, nous recevons des rapports d’attaques commises, le HCR dispose d'équipes de surveillance, de monitoring, de protection qui se déplacent continuellement entre les sites et cartographie les incidents et les besoins, les risques et l’ampleur des déplacements pour éclairer notre réponse," précise M.Atchom à la Deutsche Welle.
Résurgence du M23
Dans son rapport sorti le lundi 25 juillet, Human Rights Watch précise que le M23 a tué au moins 29 villageois et continue d’étendre son contrôle dans le Nord-Kivu. Des allégations que réfute le groupe rebelle.
Mais Thomas Fessy, chercheur principal pour la RDC chez HRW, maintient les accusations portées contre le M23 et rappelle que l’organisation internationale a une méthodologie stricte qui confirme ces meurtres. "Dans le cadre de la tuerie de Ruvumu par exemple, où 17 personnes ont été tuées, les victimes ont été accusées d’avoir livré des informations à l’armée régulière à propos des positions ou des cachettes des combattants du M23. Elles ont été tuées soit sur place soit dans leurs fuite. C’est le cas d’une fillette de sept ans, tuée devant son père lorsqu’ils fuyaient ensemble. Des témoins nous ont raconté comment un homme a été exécuté devant sa maison, les mains ligotées derrière le dos après avoir été accusé de collaborer avec les troupes gouvernementales, " confie le chercheur. Pour rappel, des installations de la mission des Nations unies (Monusco) à Goma, dans l'est de la RDC, ont été pillées lundi par des manifestants en colère, dix jours après un appel du président du Sénat au départ des Casques bleus.