Justice et réparation pour les victimes d'abus sexuels
14 octobre 2021Au Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo, un rapport a été publié récemment par la commission indépendante sur l'exploitation et les abus sexuels. Selon ce rapport, 83 cas d'abus et d'exploitation sexuels auraient été commis par des employés de la lutte contre Ebola dans les zones clés de l'épidémie, entre 2018 et 2020. Plusieurs femmes auraient été ainsi embauchées en échange de faveurs sexuelles.
Lirea aussi : RDC: un rapport accablant pour l'OMS
La question de l'indémnisation
Lorsque la province du Nord-Kivu était en proie à sa dixième épidémie d'Ebola, des agents de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) auraient commis 83 cas d'abus et d'exploitation sexuels sur des femmes et des filles de la région.
Julienne Lusenge, militante et coprésidente de la commission indépendante sur l'exploitation et les abus sexuels, qui affirme qu'elle et son équipe ont mené 210 entretiens pour mener à bien l'enquête, précise que les victimes ont d'abord bénéficié d'un suivi psychologique pour leur santé mentale.
"Toutes les victimes après l'écoute ont été prises en charge psychologiquement et nous avons fait de notre mieux, nos équipes ont travaillé pour que là où nous les avons intégrées, que ce soit sécurisé. Nous avons trouvé plusieurs faits et nous sommes arrivés à une conclusion " précise t-elle.
Lire aussi : Violences sexuelles en RDC, soigner le corps et l'esprit
Plusieurs militants d'organisations de femmes demandent à l'OMS d'indemniser les victimes. Nelly Lumbulumbu, défenseuse des droits humains, plaide également pour que le procès des auteurs ait lieu en République démocratique du Congo."Nous demandons à toutes les organisations au niveau international de nous soutenir dans nos démarches pour que nous puissions mettre fin à la violence. Nous qui accompagnons les femmes, nous demandons que ces personnes soient jugées sur le sol congolais. Le lieu où les infractions ont été commises est en effet le lieu le plus sûr où nous pensons que nous devrons participer à ce procès, défendre les victimes de ces crimes et voir de quelle manière ces personnes seront punies", explique Nelly Lumbulumbu.
Dénoncer et prévenir
Pour sa part, Passy Mubalama, coordinatrice de l'initiative Action et développement pour la protection des femmes et des enfants, estime que l'organisation onusienne doit indemniser les victimes et elle demande au gouvernement congolais de s'impliquer pour aider d’autres femmes à dénoncer ces abus. Selon elle, "les survivantes de ces abus et exploitations doivent être indemnisées. Le gouvernement congolais devrait s'impliquer beaucoup plus pour qu’elles aient accès à la justice mais en même temps que les auteurs soient punis. Mais surtout, il devrait renforcer la mobilisation communautaire et mettre en place des mécanismes qui puissent permettre à ces femmes et filles de dénoncer ces abus et exploitations."
Lire aussi : Ebola : l'OMS enquête sur des agressions sexuelles en RDC
Mais l'enquête doit encore être approfondie car d’autres cas existent qui n’ont pas encore été dénoncés, selon la militante Julienne Lusenge. "Nous disons qu'il faut continuer à enquêter parce que toutes les victimes ne se sont pas encore exprimées. Nous devons voir comment élargir ces enquêtes pour que ces victimes puissent parler. Nous avons fait notre part, c'est maintenant à l'OMS de mettre en place des recommandations en collaboration avec le gouverneur congolais pour approfondir ces enquêtes", précise t-elle.
Le ministère congolais de la Santé a annoncé le 8 octobre qu'un nouveau cas d'Ebola a été détecté dans la zone de santé de Butsili, dans la province du Nord-Kivu, où une précédente épidémie s'est officiellement terminée en mai dernier.
Plusieurs organisations de femmes demandent déjà à l'OMS de prendre les mesures appropriées pour que le même scénario ne se reproduise pas dans la réponse à cette nouvelle épidémie.