Le pape François a quitté ce vendredi (03.02) la République démocratique du Congo (RDC) pour se rendre au Soudan du Sud, un autre pays déchiré par des violences meurtrières.
Pendant son séjour à Kinshasa, le souverain pontife a multiplié les condamnations des violences dans l'est et a appelé les dirigeants à mettre fin à la corruption et les jeunes à être "acteurs" de l'avenir du pays.
Le Pape François a exhorté les évêques à ne pas se limiter à l'"action politique" pour se concentrer sur le peuple, dans un pays où l'Eglise fait traditionnellement office de contre-pouvoir, au-delà de son rôle clé dans l'éducation, la culture ou la santé.
Un acteur majeur
En République démocratique du Congo, l'Église catholique est un important depuis la fin des années 1950. Elle joue un role central dans la vie politique, socio-économique du plus grand pays d'Afrique. En 2017 par exemple,, elle a réussi à obtenir un consensus entre les acteurs politiques qui a abouti à la signature d'un accord baptisé "Accord de la Saint-Sylvestre". Ce compromis politique a permis au président de l'époque, Joseph Kabila (2001-2019) de garder son fauteuil jusqu'à l'organisation des élections de 2018.
La CENCO, la Conférence épiscopale nationale du Congo, rassemblant tous les religieux occupant une fonction dans l'Église, appelle souvent les Congolais à la contestation pour dénoncer certaines "dérives" des gouvernants.
"Nous vous le demandons instamment : il ne faut céder ni à la peur ni au fatalisme. Une minorité de concitoyens a décidé de prendre en otage la vie de millions de Congolais. C'est inacceptable ! Nous devons prendre en main notre destin commun », rappelle un rapport paru fin 2022 du Groupe Étude sur le Gongo (le GEC), Ebuteli, intitulé « L’Église catholique en RDC, au milieu du village ou au cœur de la contestation ?".
Le rapport explique que le 31 décembre 2017 puis le 21 janvier et le 25 février 2018, à l'initiative de l'Église, trois grandes marches sont organisées pour appeler à de nouvelles élections et demander la fin du mandat de Joseph Kabila.
"Lors de chaque manifestation, des dizaines de milliers - peut-être des centaines de milliers lors de la deuxième marche - de personnes descendent dans les rues. On peut voir des images émouvantes de prêtres pieds nus marchant devant des milliers d'hommes et de femmes en habits du dimanche", ajoute le document.
"Ces manifestations, ainsi que d'autres organisées par des mouvements sociaux comme LUCHA, mettent la pression sur le gouvernement et contribuent très probablement à empêcher de nouveaux retards dans la tenue des élections."
L'épiscopat a également contesté l'élection du président Félix Tshisekedi en décembre 2018. Elle a estimé que c'est Martin Fayulu qui était sorti vainqueur.
Début décembre, l’épiscopat congolais a invité les fidèles à participer à une marche pacifique pour protester contre l’insécurité dans l’est du pays causée par les affrontements entre les rebelles du M23 et les forces armées congolaises (FARDC).
Pour parler de l'influence de l'Eglise catholique en RDC, je reçois quatre invités sous l'Arbre à Palabres. Il s'agit de:
- Lambert Mende Omalanga, ancien Ministre de la Communication, porte-parole du Gouvernement congolais, actuellement député.
- Monseigneur Donatien Nshole, le porte-parole de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco).
- Bob Kabamba, professeur de sciences politiques à l'université de Liège, en Belgique.
- Jean-Jacques Lumumba, banquier et lanceur d'alerte congolais. Il est un ancien élève du Collège Boboto de Kinshasa (ex. Albert 1er) école de la congrégation des jésuites (la même congrégation que le pape François).
Cliquez sur l'image (ci-dessus) pour écouter l'intégralité du débat.